Retraites 1897

      


TROISIÈME INSTRUCTION
Le vœu de pauvreté

Encouragez‑vous en songeant à ce que le bon Dieu vous a donné cette année, et toute votre vie. C'est une bien belle histoire que celle du bon Dieu dans notre âme, depuis le premier jour jusqu'à maintenant. Pourquoi ne pas revenir souvent sur ces pensées, nous rappeler nos bons parents, notre éducation, notre première communion, nos heures de foi, de saint amour? Pourquoi? Rien ne peut nous faire autant de bien que le souvenir de ces sortes de choses. Nous nous sentons plus encouragés; nous sentons que le bon Dieu ne nous a pas traités comme des étrangers. Sa Providence a été constamment avec nous. Rendons grâces à Dieu. Voyez dans la liturgie, combien de fois ce sentiment de l'action de grâces et de la reconnaissance est répété et fréquent. Nous l'oublions peut‑être trop.

Quand on a à souffrir un petit ennui, dans tout ce qui se rencontre de laborieux, acceptons‑le comme provenant de la main paternelle de notre bon Dieu et Sauveur. De la sorte nous continuerons notre retraite toute l'année. Nous ne laisserons échapper aucun des trésors de mérites que nous avons entre les mains. Dans notre instruction d'hier, je n'ai pas achevé ma pensée. Je vous parlais des difficultés que les Oblates m'avaient présentées dans les commencements. Je n'ai pas ajouté que depuis un certain temps ces difficultés ont totalement disparu. Cela tient à l'habitude qu'elles ont prise de faire le vœu de charité. Je crois qu'à l'heure qu'il est, il n'y en a aucune qui n'ait fait ce vœu et ne le renouvelle, qui tous les six mois, qui tous les trois mois, qui tous les mois, qui plus fréquemment encore. Elles regardent ce vœu comme la base de leurs obligations; elles partent de là et cela les soutient. Elles constituent maintenant une communauté absolument généreuse. Il n'y a pas la moindre petite chose qui fasse tache.

Il faut que tous nous fassions ce vœu de charité, mes amis. Il a certainement une plus grande influence sur toute notre vie religieuse que tout autre vœu. Je vous rappelais ce bon prêtre qui disait au bon Dieu: “Ne me faites pas mourir si tôt! Dans le ciel, je ne pourrai pas dire la messe”. Je voulais vous montrer par là que si vous compreniez bien votre vie sacerdotale, votre vie religieuse, vous trouveriez là le paradis sur terre. Encore un mot de notre instruction d'hier, puisque je suis en train d'en parler: j'ai à vous demander pardon. Je me suis mal exprimé. Je vous ai dit que vous pouviez dire de moi ce que vous voulez, et que cela m'était égal. Comprenez bien ce que j'ai voulu dire. Ma phrase présentait un sens susceptible de plusieurs interprétations. Je ne veux pas que vous pensiez que j'ai voulu dire que votre jugement, vos idées sur mon compte, me soient chose indifférente et que je ne daigne pas y faire attention. Non, non! Ce que j'ai voulu dire, c'est ceci: Qu'on dise, qu'on pense du mal de moi. Dans le moment même cela me contrarie, m'impressionne, mais après, et bientôt, je l'oublie et ne m'en souviens jamais. Quand mon attention n'est pas ravivée par quelque circonstance expresse, je ne garde en général aucun souvenir de mes impressions. Votre jugement, vos sentiments, certes je ne les regarde pas comme peu de choses. Au contraire, je porte à chacun un grand respect, une grande affection.

Nous avons à nous occuper ce soir du vœu de pauvreté. Quand je suis entré pour la première fois à la Visitation de Troyes, j'ai été frappé de l'extrême pauvreté de la salle commune et de tous les endroits de la maison que je voyais. “Mais ce sont des femmes”. Eh bien! allez chez les Missionnaires d'Annecy. J'y ai vu des cellules et différentes salles. Ils ont pris grandement à cœur d'observer la règle de saint François de Sales. Leur ameublement entier respire la plus grande pauvreté: c'est propre, convenable, mais toujours très pauvre. Le mobilier, les choses à leur usage offrent une certaine sévérité d'aspect qui ne déplaît pas. Il en est de même au réfectoire, au parloir. Les visiteurs en demeurent tout impressionnés et émus.

C'est religieux; cela ne sent pas le monde; c'est digne, c'est convenable. Depuis l'appartement d'un prince ou d'un ministre jusqu'à celui d'un pauvre cordonnier, il y a bien des degrés. Que chacun observe ce qui convient à son rang, à son état. Dans son humble demeure, un simple artisan peut être plus digne et plus considéré par le monde que tel ou tel prince dans sa demeure luxueuse.  Que notre mobilier de religieux soit donc marqué à ce cachet particulier de convenance, c'est-à-dire de pauvreté.

Le secret de notre pauvreté, il le faut aller chercher à Nazareth. C'est là qu'il nous faut venir inspirer, car ce n'est pas quelque chose de naturel. Dans le monde, on préfère ses aises à ce qui gêne. On aimera mieux un bel appartement qu'une étroite cellule; on s'entourera d'une quantité d'objets agréables, au lieu de s'en tenir au strict nécessaire. Allons à Nazareth, voyons cet intérieur, et comprenons ce qu'est la complète pauvreté, le travail, le dénuement aussi et parfois la détresse. La nourriture quotidienne ne dépassait pas en qualité celle du plus pauvre ouvrier. Il faudrait bien comprendre cela. Nous allons mettre la règle sur pied, mes amis. Nous allons prendre les écrits de saint François de Sales, chercher ce qu'il a dit de la pauvreté des cellules, des objets d'usage courant, des vêtements aussi. Oh! pour les vêtements, nous sommes en règle, et au‑delà! C'est déjà fait, et quelque peu contrefait aussi. Il faut bien comprendre et observer la Règle.

Nous voulons pratiquer la pauvreté. Est‑ce la quantité de la nourriture qu'il faut diminuer? Non: il faut manger à son appétit. Est‑ce sur la qualité des mets? Non, et quand les nécessités de la santé le demandent, quand on a réellement besoin, quand il y a vraiment nécessité de se faire donner quelque chose de particulier, c'est bien: allons‑y franchement, usons‑en sans scrupule.  Mais la santé est bonne, quoique on ne soit pas très fort, (toujours on ajoute cela!). La nourriture ordinaire nous suffit? Qu'on ne prenne pas l'habitude d'avoir des particularités, des choses spéciales, en dehors de ce qui est donné à la communauté. Qu'on ne les demande que quand on a de graves motifs de le faire. Enfin, soyons sobres, sévèrement, en chacun de nos repas.

Rappelons‑nous la pauvreté de l'ouvrier de Nazareth; on montre encore à Lorette une partie des pauvres ustensiles qui étaient à l'usage de Marie, de Joseph, du divin Enfant, quels pauvres repas devaient être pris dans ces pauvres écuelles! Est‑ce que celui qui nourrit les petits oiseaux n'avait pas moyen de faire arriver à sa table les mets les plus délicats? Il s'en gardait bien! Voilà notre modèle; tenons‑nous-en là. Si nous faisions des efforts sur nous‑mêmes, nous y arriverions. Beaucoup de besoins qu'on croit avoir disparaîtraient et le bon exemple serait donné. Pourquoi ai‑je fait faire une cuisine générale pour les maisons de Troyes? C'est précisément en suite de l'expérience que j'ai faite. C'est pour supprimer les particularités.

Les Oblates sont deux fois plus nombreuses que vous. Dans toutes leurs maisons, pas une n'a à ses repas quelque chose de particulier. Allez voir dans les monastères de la Visitation, du Carmel, s'il y a des particularités. Nous pouvons bien faire ce que font des femmes. Soyons des hommes, courageux, généreux. Il faut ménager sa santé sans doute, et ne pas faire d'imprudence, mais il faut aussi nous mortifier. Le signe de la croix que nous faisons en nous mettant à table, la prière, tout cela nous aide et nous apporte le secours de la grâce.

S'il y a eu des malheurs — c'est une chose délicate à traiter; je n'attaque personne de ceux qui sont ici — si dans plusieurs maisons il y a eu des déchets, des catastrophes, des scandales, la source en a été là: l'immortification, le péché contre la pauvreté dans la nourriture. Si ces religieux avaient été toujours sobres, observant la Règle, mortifiés, le mal qui s'est fait ne se serait pas produit. Pourquoi? Parce que la perfection religieuse, l'observance de la Règle conserve l'âme et lui donne force et courage; au lieu que quand elle est loin, on va à sa passion. La sensualité est victorieuse; on laisse entrer le démon qui sans cesse rôde autour de nous. Nous ferons fidèlement les pratiques du réfectoire. Nous ne sortirons jamais de table sans avoir pratiqué une petite mortification: la Règle nous en fait un devoir absolu. Nous mettrons toujours un peu d'eau dans le vin. Vous ne le ferez pas quand par hasard on vous offre un vin extraordinaire; ce ne serait pas poli pour les personnes qui vous l'offrent. Mais dans la pratique ordinaire, que ce soit votre habitude, puisque la Règle le marque.

En ce qui concerne les vêtements, je ferai plusieurs remarques. Nous avons adopté le col romain. C'est bien. Mais on me fait observer que parmi nos auxiliaires, nos novices, nos jeunes Pères eux‑mêmes, on arbore et on promène ce col romain avec une désinvolture, avec une allure qui n'est pas extrêmement ecclésiastique. On me cite un petit Oblat qui prend une canne, une badine, qui a l'air léger, évaporé, et qui va partout montrant son petit collet blanc. Or on ne porte pas le col blanc dans le diocèse de Troyes. Il n'y a guère, en France, de diocèse où on le porte. On est remarqué: c'est un Oblat! Et avec la malveillance qui est grande, l'esprit public qui n'est pas toujours porté en faveur des religieux, le clergé même, qui n'a pas toujours pour nous une bienveillance, une tendresse bien accentuée, il faut prendre bien garde de ne point nous faire remarquer en mal, de ne point être l'occasion d'un petit scandale.

Souvent on s’en plaint. On demande une soutane neuve souvent, et on n’en a pas soin. Et ce sont ceux qui sont le plus à charge à la communauté qui ont le plus d’exigences et qui réclament et se plaignent le plus. Il est absolument nécessaire que chacun soit discret: que chacun soigne et conserve ses vêtements le plus longtemps qu’il pourra, comme fait le pauvre qui sait qu’il n’a pas les moyens d’avoir un habit neuf. Au deuil du Cardinal de Paris, assistaient les Messieurs de Saint-Sulpice. Je voyais parmi eux quatre ou cinq vénérables prêtres, avec des soutanes pauvres et usées; un ou deux même en avaient de tout à fait miséreuses. J'aurais mieux aimé sans doute, dans ces deux‑là, un peu plus de propreté. Mais je fis en moi‑même la remarque que c'était une grande leçon que donnaient ces Messieurs, leçon de simplicité et de pauvreté. C'était un bel exemple proposé au jeune clergé. Que les vêtements soient donc simples et pauvres, mais propres et bien tenus. Les premiers Pères, Saint Jérôme en particulier, insistaient beaucoup pour que le prêtre fût extrêmement propre et pauvre.

Il est une autre question sur laquelle il me semble à propos d'insister vivement, c'est celle de la propriété des cadeaux qu'on peut recevoir en telle ou telle circonstance. Il est défendu positivement de recevoir des cadeaux sans permission. Je sais que plusieurs de nos jeunes Pères le font cependant. On se fait donner des cadeaux par ses élèves, on les sollicite habilement et d'une façon détournée. Et on commet la faute de les recevoir sans permission, de se les approprier et de les garder. Or tout cela est défendu. La Règle est établie, et elle doit être observée, que personne de nous ne peut recevoir quoi que ce soit sans permission. Que cela vienne de votre maman, de vos parents, de votre pénitente ou de vos élèves, peu importe. Si l'on est absolument décidé à vous offrir quelque chose, alors demandez la permission. On veut vous donner quelque chose, on demande à vos amis, à votre supérieur, à vous‑même ce que vous préférez. Vous avez obtenu la permission. Qu'est‑ce que vous voulez? Et pourquoi ne demanderiez‑vous pas un peu d'argent destiné à notre œuvre du sacerdoce, à nos œuvres de vocation? Les simples fidèles donnent bien. Pourquoi ne le ferions-nous pas, nous aussi? Faites‑le, et en conscience. L'œuvre sacerdotale est absolument nécessaire. Nos collèges ne font plus leurs frais, nos œuvres tendent la main et vivent de charité. Si nous aimions bien notre communauté, si nous nous attachions sérieusement à la pratique de notre vœu de pauvreté, nous changerions en or et en argent toutes les niaiseries qu'on peut avoir l'idée de nous offrir.

De plusieurs côtés on me signale encore un abus, et ce sont des personnes qui nous portent respect et affection. Il y a une tendance chez plusieurs de nos jeunes Pères à avoir leur petit mobilier, à eux, bien soigné, bien recherché, bien orné. Leur chambre ressemble à une chapelle mondaine! On a pris ses petites habitudes, on se plaît dans son petit intérieur, on savoure doucement tous ces petits objets qui précisément sont des cadeaux reçus, on se prélasse et on se croit religieux, on se croit Oblat. J'ai dit “une chapelle”. J’aurais dû dire: “un boudoir”. Voyez comment sont organisées les grandes maisons, dans le monde. Il y a un salon, la salle à manger, la chambre de Monsieur, le boudoir de Madame ou de Mademoiselle. Est‑ce que la chambre de Monsieur est meublée avec des objets de luxe, qui sentent la futilité et la niaiserie, comme les chambres de Madame ou des Mesdemoiselles? Non. Le mobilier est solide, fort, simple, en bois de chêne volontiers, les chaises et les fauteuils ne sont pas garnis. C'est un mobilier d'homme. Et même dans le monde on ne donne pas à un homme un boudoir de châtelaine. Et c'est ce que voudrait reproduire un religieux? Fi donc! C'est honteux pour un religieux!

Pour remédier à cela, il faut prendre la Règle, l'esprit de la Règle et s'y tenir absolument. Il faut faire comme on fait à la Visitation, chez les Pères Salésiens: il faut avoir des meubles de la Congrégation. Cela nous unira davantage entre nous d'avoir les mêmes tables, les mêmes chaises, les mêmes armoires, le petit rayonnage pour mettre les livres. Nous sentirons mieux que nous sommes les enfants de la même famille, lorsque tout le monde sera au même numéro. Voyons cela en détail pendant notre retraite; et établissons bien la pauvreté et la fidèle observance de la Règle en ce qui concerne la nourriture, le vêtement, le mobilier.

Nous serons donc pauvres et nous comprendrons et estimerons bien la pauvreté. Voyez quel est l'homme qui a eu le plus d'influence dans le monde. Est‑ce que ce n'est pas saint François d'Assise? Il a eu plus d'enfants lui tout seul que tous les autres fondateurs. Pourquoi cette fécondité? Saint François l'a dit lui‑même: “J'épouse la pauvreté et de ce mariage sortira une famille nombreuse comme les étoiles du ciel, comme la postérité d'Abraham, d'Isaac et de Jacob; et mes fils et mes filles couvriront la terre”.  Est‑ce vrai? Parcourez l'histoire. Ce sont les Frères Mineurs, les plus petits, les derniers dans l'Eglise. Mais sont‑ils à dédaigner? Est‑ce qu'à l'heure qu'il est, et depuis six siècles il n'a pas sous sa Règle, le mendiant d'Assise, est‑ce qu'il n'a pas sous son influence des multitudes et des multitudes d'âmes? Pourquoi? Parce qu'il est pauvre.      La pauvreté de saint François de Sales ne ressemble pas à celle de saint François d'Assise. L'Evêque de Genève habitait un palais épiscopal — on le voit encore à Annecy — les meubles sont encore là et nous disent bien éloquemment qu'il n'y avait pas de luxe dans ce pauvre palais. C'était l'esprit de pauvreté le plus grand. Quand sainte de Chantal voulait lui donner une seconde soutane: “Mais la première n'est pas encore usée, répondait le Saint; je n'en use pas une par année.” Saint François de Sales était bien aussi pauvre que saint François d'Assise. Il ne portait pas à l'extérieur des vêtements rapiécés, il ne marchait pas pieds‑nus, mais sa pauvreté était surtout la pauvreté spirituelle: “Heureux ceux qui ont une âme de pauvre car le Royaume des Cieux est à eux”  (Mt 5:3).

Qu'est‑ce que veut dire cette parole? Les interprètes disent que cela signifie le détachement intérieur des biens de la terre. J'aime bien les interprètes, mais il me semble qu'on peut donner encore un autre sens à ces mots: “pauperes spiritu”. Bienheureux ceux qui souffrent la pauvreté dans leur intérieur, c'est‑à-dire qui ne font pas usage de leur volonté, de leur jugement, et qui les sacrifient, qui s'en dépouillent pour ne posséder plus rien, pas même cela. Cette pauvreté les unit intimement au Sauveur. Ce n'est pas seulement son vêtement, sa nourriture qu'ils partagent, mais sa volonté à laquelle ils sacrifient toute leur volonté, tout leur esprit. Ils n'en veulent pas user; ils ne gardent plus rien à eux. C'est beau, cela, mes Amis, et ce n'est pas une utopie. J'ai vu pratiquer cela par la bonne Mère Marie de Sales et par les âmes qui l'entouraient. J'ai compris alors le “beati pauperes spiritu”. Voilà la pauvreté complète et vraie, celle avec qui il nous faut nous marier et vivre constamment, de façon à ce qu'elle devienne notre être et non seulement notre compagne.

Ce que j'ai dit de la pauvreté extérieure, qu'il faut maintenir et conserver, sera réglé par le Coutumier. Mais notre pauvreté sera aussi la pauvreté spirituelle que nous venons de dire; et nous nous en occupons d'une façon toute particulière. La bonne Mère aimait à dire: “Si vous saviez ce que c'est que de laisser tout, de donner tout, de n'avoir plus rien. Mais cela n'arrive pas sans une grande grâce de Dieu”. Allons dans cette direction. Quand arriverons‑nous et serons‑nous pauvres tout à fait? Je ne sais pas. Le Sauveur est déjà bien bon à rencontrer sur le chemin. Voyez ces disciples d'Emmaüs; ils parlent de choses indifférentes ou tristes. Ils rencontrent le Sauveur qui les entretient. Ils sentent que leur cœur se réchauffe. Ils arrivent à l'hôtellerie, ils ne veulent pas laisser partir leur compagnon. Ils le connaissent enfin à la fraction du pain (Lc 24:31). Vous aussi, si vous rencontrez le Sauveur le long du chemin, il vous aidera.

Demandez‑lui bien la grâce de cette pauvreté spirituelle. Essayez‑vous à en faire des pratiques. Ne soyez pas glorieux, arrêtés dans l'amour de vos idées personnelles, enchantés de vous‑mêmes. Non: “Heureux ceux qui ont une âme de pauvre” (Mt 5:3). Nous sommes bien petits, bien pauvres, mais vous deviendrez riches si vous usez des dons que le bon Dieu vous fait à la sainte messe, à la sainte Communion, si vous savez soumettre bien votre volonté à la Règle. Si vous faites quelques efforts dans ce sens‑là, le bon Dieu saura y avoir égard et vous aider. Notre saint Fondateur, la bonne Mère Marie de Sales n'ont pas choisi pour eux et pour nous la plus mauvaise part de la pauvreté: c'est celle que le Sauveur lui-même a pratiquée. C'est celle que nous devons nous efforcer de pratiquer. Restons avec la part qu'il nous a faite, avec les enseignements de notre bonne Mère, avec la doctrine de saint François de Sales. Nous serons alors vraiment pauvres, nous serons allés jusqu'où le Sauveur est allé. Allons généreusement avec lui, puisque son cœur nous appelle. De toutes ces choses que je vous ai dites, nous retiendrons qu'il faut être bien pauvre. Nous allons nous mettre entièrement à la pauvreté extérieure et intérieure. Nous allons réfléchir et voir ce que nous demande Notre-Seigneur. Que la sainte maison de Nazareth soit la nôtre, que les vêtements de Jésus soient les nôtres, que l'âme et les sentiments du Sauveur soient nos sentiments et notre âme. Voilà où le Sauveur nous appelle. Par quels moyens y arriver? Par la sainte pauvreté surtout.