Chapitres pour les Oblats 1873-1899

      

L’esprit de la Congrégation

Chapitre du 4 novembre 1885

Avant d'entrer dans l'explication de nos Constitutions, je voudrais vous dire quelque chose de l'attachement, de l'affection étroite que vous devez avoir pour la congrégation et pour chacun de ses membres. Nous devons aimer la congrégation comme notre mère. Nous devons aimer les Constitutions, la Règle, l'observance, les obéissances données. Nous devons apporter à la réunion des membres de la congrégation la charité, la cordialité, le support; non pas charité et support en général, mais dans l'esprit de saint François de Sales et de la bonne Mère Marie de Sales. Nous devons avoir un grand amour et un grand respect pour nos Constitutions qui ont été écrites sous l'inspiration de la mère Marie de Sales, qui ont été approuvées par la sainte Église. Quand j'ai été à Rome en mars 1875, nous avons lu les Constitutions en entier avant de partir à la bonne Mère et nous avons déterminé avec elle presque tous les articles. Pie IX nous a très bien accueillis: "Vous devez être pressés, nous dit-il, nous ferons en sorte que vous n’attendiez pas longtemps". Six mois après nous avions notre première approbation par le bref laudatif.

Pour ce qui concerne le personnel de la congrégation, il faut lui porter une grande estime et une grande affection: nous devons nous aimer dans la charité suivant l’esprit de notre saint Fondateur. Si nous attendons la perfection de nos supérieurs, de nos égaux, il faut aller en paradis. Là seulement notre supérieur, le bon Dieu, et nos frères, les anges et les saints, seront parfaits et ne laisseront rien à reprendre dans leur conduite et leur manière de faire. Prenons bien l'esprit de notre saint Fondateur. Quel est cet esprit? Voir en chacun, voir dans notre prochain, et surtout dans notre prochain, dans nos frères, le don de Dieu en eux. Nos frères sont une châsse précieuse, un tabernacle saint dans lequel Dieu a mis une grâce, et nous devons aimer et honorer cette grâce de Dieu. Envisageons notre prochain à ce point de vue. Le reste est néant. Les défauts de notre prochain, ce qui nous choque en lui, c'est quelque chose de négatif, et il ne faut s'arrêter qu'au positif.

Voyons donc en chacun ce que Dieu y a mis. Dans l’un c'est la fermeté, dans l'autre c'est la rectitude de jugement, dans un autre c’est la droiture du cœur. Cela doit suffire pour nous les faire aimer et estimer. Si nous trouvons à côté de cela des aspérités, fermons les yeux là-dessus, c’est l’œuvre de l'homme, ce n'est plus le don de Dieu, et c'est Dieu seulement que nous cherchons. Voilà une règle sage et féconde au moyen de laquelle nous affectionnerons toujours notre prochain. C'est là l'élection qu'il faut faire et sur laquelle nous appuierons notre affection. Dieu est là, nous dit-il lui-même dans les livres saints, bon à celui qui le reconnaît.

Je bénis Dieu de l'union qui règne dans la communauté.  C’est le don de la mère Marie de Sales: l'union des volontés et des cœurs. Il faut demander la continuation de cette grâce, Demandons aux âmes du purgatoire une affection respectueuse pour chacun de nos frères, que rien ne nous sépare, nous qui avons été liés par les liens de notre saint Fondateur, le lien de la dilection qui est le lien de la perfection. Voyez comme notre saint Fondateur va droit au but et le bon sermon qu'il fait en deux mots sur la charité. Il ne va pas chercher de grandes considérations, il met le doigt sur l'endroit sensible. Envisagez, nous dit-il, dans votre prochain le point de vue surnaturel. Ne l'aimez pas à cause de ses qualités naturelles, ne méritez pas le reproche que le Sauveur faisait aux Apôtres: “Vous aussi, maintenant encore, vous êtes sans intelligence” (Mt 15:16). Ne vous appuyez pas sur la vie naturelle, sur la considération vulgaire, mais regardez le côté surnaturel, le don de Dieu dans le prochain. Le bon Dieu, c’est l'être. L'imperfection c’est le néant. Nous supporter les uns les autres, c'est hausser et élever notre esprit aux choses vraies, sincères, exactes, c’est trouver Dieu.