Chapitres pour les Oblats 1873-1899

      

Le Directoire

Chapitre du 28 octobre 1885

Tous les ordres religieux ont leur esprit particulier, leur physionomie spéciale qu'ils tirent des moyens particuliers employés pour atteindre leur but. Les Chartreux sont des hommes de solitude et de silence, les Trappistes des hommes de travail et de mortification. Chaque ordre a son cachet, sa physionomie propre. Quelle doit être notre physionomie? Nous ne prenons pas les moyens des autres ordres religieux. Notre saint Fondateur nous a tracé une voie plus directe et plus sûre, le Directoire. C'est le Directoire qui est notre moyen, notre raison d'être. C'est lui qui nous donne notre physionomie spéciale. Qu'est-ce que cela, le Directoire? Cela paraît si peu de chose. C'est bon pour les femmes! C'est le Directoire qui a fait saint François de Sales. Il a commencé par le pratiquer dès son enfance, avant de le donner aux Visitandines, et c'est le Directoire qui a rendu ce saint l'image accomplie du Sauveur sur la terre. C'est le Directoire qui a fait la bonne Mère Marie de Sales, la fille la plus parfaite et la plus ressemblante de notre saint Fondateur.

Le Directoire c'est le renoncement à soi-même, à chaque action, chaque moment de la journée, c'est l'union au Sauveur, c'est la main du Sauveur que nous prenons pour faire chacune de nos actions. Voyez l'habilité de notre saint Fondateur: il nous fait atteindre du premier coup, presque sans peine, dirait-on, le but que les autres ordres religieux atteignent à grand peine par beaucoup d'austérités et de travaux. Lui, il va droit au but. Et puis, les austérités fatiguent et annihilent bientôt plus ou moins les œuvres extérieures des religieux. Un religieux qui pratique sa Règle complètement n'est guère capable d’autre chose. Le Directoire arrivant au même but, l’union à Dieu, plus facilement, plus vite, nous laisse toute notre force et toute notre liberté d'action. Le fruit du Directoire, c'est la paix de l'âme, c'est le repos de l'esprit en Dieu, sans inquiétude, sans indécision. J'ai vu des religieux après 40, 50 années de mortification et d'austérités se demander avec découragement: “Suis-je bien dans ma voie?” Dans notre voie, nous n'avons pas à craindre ces incertitudes. Le Directoire est une route sûre et fidèle et qui donne la paix à l’âme qu'elle unit sûrement à Dieu.