Chapitres pour les Oblats 1873-1899

      

Monseigneur de Troyes

Chapitre du 21 octobre 1885

Avant d’entrer dans l'explication de nos Constitutions, il importe de vous dire quelque chose de la discrétion que nous devons avoir dans la vie religieuse et du secret qu'il faut garder, en particulier sur ce qui se dit et se fait au chapitre. Le droit canon et les différentes règles religieuses, en particulier celle de saint François de Sales, sont très rigoureux pour cette sorte de faute. Il prononcent l'exclusion temporaire, ou même perpétuelle à l'égard du religieux coupable d'indiscrétion, et la privation de toute voix active dans les élections ou admissions.

Cela dit, je veux vous parler un peu de nos rapports avec Monseigneur de Troyes et de la ligne de conduite que vous devez tenir dans 1'appréciation de ces rapports. Je désire que ce que je dis ici soit transmis à nos pères des autres maisons, afin que la manière de faire et de dire soit la même partout. Monseigneur a voulu, et tout porte à croire qu’il veut encore, que les Oblats fussent prêtres de son diocèse. Ce n'est pas notre but, ce n’est pas notre volonté, ce n'est pas conforme à nos Constitutions, ni à la pensée du Souverain Pontife. Nous ne pouvons donc pas, et nous ne pourrons jamais, nous accorder sur ce point. Je ne puis plus avoir de rapports intimes avec Monseigneur. Je n'ai rien dans le cœur contre lui, mais je ne puis remettre sans cesse en question une chose décidée depuis longtemps. Tous les rapports que j’aurais avec lui aboutiraient forcément là: la volonté de Monseigneur est restée la même, la mienne ne peut pas changer.

Quand vous vous trouverez à parler de cela, quand on vous questionnera, quand on vous dira: “Mais Monseigneur ne va plus à Saint-Bernard”, dites seulement: “Notre Père n'a rien dans le cœur contre Monseigneur. Il doit y avoir probablement quelque question de principe sur laquelle ils ne sont pas d'accord”, et passez à autre chose. N'entrez surtout dans aucune explication. Les explications que vous donneriez pourraient être mal comprises, mal répétées et revenir ensuite à Monseigneur que cela affecte beaucoup, je le sais, et qui se donne ensuite beaucoup de peine pour expliquer ses actes et se disculper. Je ne puis ni physiquement ni moralement reprendre mes rapports avec Monseigneur. Je ne puis abandonner la congrégation. C'est l’œuvre de la mère Marie de Sales, que j'ai promis de continuer. Le Saint-Père m'a encouragé dans cette voie et il nous a donné notre mission. Il m'a dit que tous ceux qui travaillaient à cette œuvre, travaillaient avec lui et qu'ils faisaient personnellement la volonté de Dieu.

Habituons-nous donc à avoir une grande discrétion, un grand respect de l'obéissance. Le supérieur, le père maître des novices a dit cela, il faut le faire de suite, sans juger, sans raisonner. Le directeur du collège, le préfet des études a pris telle mesure, appliquons-nous chacun à notre chose et que cette chose soit tout pour nous. Nous avons une classe à faire si petite qu'elle soit, c’est la volonté de Dieu sur nous, c'est l’œuvre de Dieu que nous avons à faire, c'est la plus importante chose du monde pour nous.

Et puis soyons religieux en tout et partout, dans notre tenue extérieure aussi bien que dans tout le reste. Nous aurons bientôt, je l'espère, notre Coutumier, qui réglera tous les petits détails de la vie extérieure afin que nous nous ressemblions tous, afin que nous soyons tous pareils, parce que nous ressemblerons au Sauveur. Voici la fête des morts qui approche. Souvenons-nous des morts, de nos morts, surtout de nos parents; prions pour eux surtout au mémento de la messe et demandons leur intercession, qu'ils ne nous refuseront pas si nous avons fait quelque chose pour eux.