Chapitres pour les Oblats 1873-1899

      

Notre “fondatrice”

Chapitre du 7 octobre 1885

C’est aujourd'hui l'anniversaire de la mort de la mère Marie de Sales, notre fondatrice. Il y a dans les paroles de la bonne Mère, dans ses écrits, dans ses enseignements, un fonds de doctrine dont il faut nous pénétrer, dont il faut faire notre fonds à nous-mêmes pour nous en nourrir d’abord et pour le donner aux autres ensuite. C'est notre patrimoine. C'est notre héritage, c'est notre bien propre. Ce fonds de doctrine se résume et se traduit par quelques expressions particulières qui revenaient souvent dans le langage et dans les lettres de la bonne Mère. C'est “le couper-court”, c’est “donner le tout pour le tout,” c'est “être tout entier au moment présent,” c'est “l'union au Sauveur” et “l'abnégation de notre volonté naturelle pour laisser agir le Sauveur”.

Ce sont ces principes-là, et bien d'autres encore, qui doivent faire notre fonds, notre trésor, la réserve où nous viendrons puiser pour vivre et pour faire vivre les autres. Il faut vivre de la mère Marie de Sales et en faire vivre les fidèles. Voilà quelle doit être la doctrine de nos enseignements et de nos prédications, aussi bien que de notre vie intérieure. Sans doute il faut agir avec prudence. Nous ne devons pas jeter le nom et l'autorité de la mère Marie de Sales à ceux qui ne la connaissent pas et qui se rebuteront peut-être s'ils voient invoquer l'autorité d’une femme. Dans ce cas, il ne faut pas mettre son nom en avant, ni prêcher ostensiblement sa doctrine. Donnez néanmoins cette doctrine et tâchez de la faire passer dans le cœur de nos auditeurs, sans dire de qui elle vient. Quand nous aurons à parler devant un auditoire capable de comprendre et d'apprécier la bonne Mère, alors donnons ses enseignements comme venant d'elle. Appuyons-nous sans crainte de son nom, de sa sainteté.

Lisez les écrits de la bonne Mère, pénétrez-vous de son esprit, puisque cela doit être notre esprit. Lisez ce que vous pouvez avoir d'elle, de sa reddition de comptes, de ses lettres, de ses instructions. Lisez sa vie. Tout n'est pas là sans doute. Mais il y a cependant dans la notice de la mère de Bellaing bien des choses qui vous profiteront. On s'arrache actuellement cette notice. Il y en a un exemplaire à la Bibliothèque de Troyes, qui a été acheté l'année dernière chez un bouquiniste de Paris. A peine était-il à la Bibliothèque qu'on l'a demandé de toute part. La belle fille du bibliothécaire, Madame Soccard, faisait des instances pour l'avoir. "Il y a plus de 40 personnes inscrites avant vous, vous ne l'aurez pas avant deux ans", lui répondit M. Soccard. Comme Madame Soccard contait sa déconvenue à Monseigneur et le regret qu'elle éprouvait de ne pouvoir faire cette lecture le soir à ses enfants, Monseigneur lui a prêté son exemplaire très gracieusement. Vous trouverez donc beaucoup de choses dans cette notice. J'espère que vous trouverez aussi quelque chose de bon dans celle que j'écris en ce moment et que j'espère mener à bonne fin bientôt.