Chapitres pour les Oblats 1873-1899

      

Les observances de chaque semaine

Chapitre du 6 mai 1885

“Dans chaque maison, les Oblats de saint François de Sales se réuniront avec exactitude et dévotion pour les conférences spirituelles, qui se feront au moins une fois la semaine. Ces conférences auront spécialement pour but l'abnégation de sa propre volonté et son propre jugement, l’exercice de l’union à la volonté divine dans toutes ses actions, l’union fraternelle, le zèle de sa propre sanctification, et son avancement dans les vertus qui nous sont recommandées, et surtout le zèle envers les âmes qui font l’objet de nos différentes œuvres” (Const., Art. XVII:1; p. 62-63)

C’est là tout à la fois le nerf et le mystère de la vie religieuse. Renoncer à son jugement, à sa volonté propre, est contraire à la nature: il faut faire un acte de foi et croire. L’abnégation est le moyen le plus propre pour arriver au but que se propose l’institut. C’est là toute la vie religieuse, et même toute la vie chrétienne. Demandons au bon Dieu la grâce de bien pratiquer cette vertu et de nous y affectionner surtout dans ces temps-ci. Voilà une chose qui contrarie notre volonté. Attachons-nous-y et disons à Notre-Seigneur: “Seigneur, c'est votre volonté. Je la veux à cause de cela”. C’est l'acte le plus élevé de la volonté et de la liberté humaine. Celui-là seul peut le faire qui en a la grâce, et celui qui l'a, c'est celui qui la demande. Demandons-la à Dieu, à notre bonne Mère Marie de Sales qui commence à montrer extérieurement sa puissance auprès de Dieu.

“... l’exercice de l'union à la volonté divine dans toutes ses actions ...” — On y parvient par la direction d'intention. C'est là l'exercice même du paradis qui consiste à ne faire et ne vouloir que ce qui plaît à Dieu. Efforçons-nous de bien établir cette disposition dans notre âme.

“... l’union fraternelle ..." — Faisons tout ce que nous pouvons de ce côté, nous ne risquons même rien d'exagérer un peu en ce point: “À ceci tous reconnaîtrons que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres” (Jn 13:35). Notre saint Fondateur nous répète cette même parole. La charité mutuelle c'est là notre mortification, nous n'en avons guère d'autres.

“... le zèle de sa propre sanctification ...”— Nos examens nous renseigneront sur ces points. Nos examens doivent avoir deux buts: voir nos fautes, et voir où nous en sommes avec le bon Dieu. Voulons-nous savoir si nous faisons des progrès dans la vie religieuse, nous le reconnaîtrons si nous faisons mieux notre Directoire, si nous sommes fidèles, si nous avançons dans les vertus qui nous sont recommandées.

“... et surtout le zèle envers les âmes qui sont l'objet de nos différentes œuvres”.— Il faut nous donner à ces âmes. Or on se donne par la prière. C'est l'action de Dieu, non celle de l'homme qui convertit les âmes. Il faut donc prier pour les âmes qui nous sont confiées, pour les âmes de nos élèves. C'est par la prière que se traduit notre zèle. Quand nous avons prié pour une âme, pour un jeune homme, et que ce jeune homme vient se confesser à nous, nous ne saurions être indifférents à l'état de son âme, et quelquefois nous sommes surpris du bien que nos paroles peuvent faire à une âme pour laquelle nous avons prié ainsi. Il faut mettre de la passion au service de Dieu, y employer toute l'énergie dont on est capable. Ce zèle toutefois sera limité par les prescriptions de l'Eglise, de la Règle, de nos supérieurs.