Chapitres pour les Oblats 1873-1899

      

Les observances de chaque jour 

Chapitre du 25 mars 1885

“Que chacun offre soigneusement à Dieu, à son premier réveil, toutes ses actions, pratiquant en cela le Directoire donné par Notre Père, Saint François de Sales. Qu’il renouvelle ses intentions au commencement de ses principales actions. Qu’il ait un soin tout spécial de n’agir qu’en la vue très pure de répondre à la volonté de Dieu”  (Const., Art., XVI:4; p. 59).

Le mieux pour le réveil est de faire ce que nous recommande notre saint Fondateur. Il ne faut pas sans doute résister à des attraits que nous pourrions avoir pour une dévotion particulière, mais, pour nous, le Directoire est bien plus efficace.

“Qu’il renouvelle son intention au commencement de ses  principales actions”. — Notre saint Fondateur ne semble pas admettre que nous n'ayons pas à souffrir dans quelque action. C'est ainsi que nous devons compenser les mortifications et les austérités des grands ordres religieux. C'est pour cela qu’il veut qu'au commencement de nos principales actions nous renouvelions notre intention, offrant à Dieu tout ce que nous y souffrirons et ferons de bien. Accepter ce que le bon Dieu nous envoie est ce qui semble le plus conforme à notre esprit. C’est ce qui fait l'union de l'homme avec Dieu, ce qui réalise en nous la Sainte-Trinité. C'est donc là notre document principal.

“Qu’il ait un soin tout spécial de n'agir qu'en la vue très pure de répondre à la volonté de Dieu”. — Il ne faut pas chercher sa propre inclination, sa propre satisfaction, sa propre gloire. C'est là l'exercice le plus parfait et qui contredit le plus l’inspiration humaine: c'est l’expulsion du moi. Les autres ordres religieux ont leur devise. C'est: “Pour la plus grande gloire de Dieu”. Notre saint Fondateur n'a qu'un mot: Vive Jésus! C’est-à-dire, la vie de Dieu en nous, nous étant laissés de côté. 

“On consacrera dans le reste de la journée au moins un quart d’heure à la visite du Saint-Sacrement. Les Oblats de Saint François de Sales se souviendront qu’à l’exemple de leur bienheureux Père, ils doivent s’efforcer de se tenir en tout temps et en tout lieu en la présence habituelle de Dieu” (Const., Art. XVI:5; p. 59-60).

La visite au Saint Sacrement est un des principaux exercices de la journée. Mais comment faut-il la faire? On peut y repasser l'oraison du matin, y revoir sa journée, ou faire une visite dans le sens de saint Liguori. Ayons une très grande dévotion au très Saint Sacrement, à l'exemple de notre saint Fondateur: c'était sa vie. Quand on ne peut faire cette visite, par exemple, en voyage, saluons Notre-Seigneur dans toutes les églises que nous rencontrons, adorons-le pour toutes les âmes qui ne l'adorent pas. Ne passons jamais devant une église sans adorer en esprit Notre-Seigneur qui daigne y habiter.

“[Les Oblats de saint François de Sales] doivent s'efforcer de se tenir en tout temps et en tout lieu en la présence habituelle de Dieu”. — Non pas une pensée d'intellect qui nous fatiguerait, mais la disposition de faire en tout temps la volonté de Dieu, non pas l'obligation d'y penser continuellement, nous ne le pourrions pas, mais le devoir de renouveler de temps en temps notre intention.

“Ils feront deux examens par jour: le premier dans la matinée avant midi, le second à l’exercice du soir” (Const., Art., XVI:6; p. 60).

L’examen du matin est un coup d’œil rapide jeté sur les actions de la matinée. Pour celui du soir, il faut y apporter une attention un peu plus grande.

“Ils réciteront avec une attention et une dévotion des plus grandes le Saint Office, se souvenant qu’en cela ils font l’office des anges. Ils se conformeront pour l’heure aux usages de la Congrégation” (Const., Art., XVI:7; p. 60).

Efforçons-nous, dans la récitation de l’office, de suivre les pensées du Directoire. Il faut s’y habituer dès le commencement. C’est le moyen de couper court aux distractions et de bien rester uni au bon Dieu.

“Ils ne passeront aucun jour sans étudier. Le temps consacré à l’étude sera proportionné à leurs emplois. Tous se conformeront, tant pour la nature que pour l’esprit de leurs études, aux prescriptions de l’obéissance” (Const., XVI:8; p. 60-61).

Nous avons bien des choses à apprendre: la théologie, le droit canon, l'Ecriture sainte, la théologie mystique. Tout cela est bien utile pour savoir parler aux diverses classes de personnes. Les instructions faites avec des livres sont de bonnes choses sans doute, mais elles ne conviennent pas toujours. Il faut faire comme les abeilles qui choisissent dans les fleurs ce qui leur est nécessaire pour le miel et pour la cirée, et prendre dans chacun ce qui est nécessaire selon les circonstances.

“La lecture se fera pendant le repas. On observera, ainsi que l’ordonne notre bienheureux Père, de ne point sortir de table sans avoir fait quelque mortification” (Const., Art. XVI:9; p. 61).

En quoi doit consister cette mortification? Notre saint Fondateur dit une mortification quelconque. Elle peut être ou positive, en mangeant ce qui ne nous va pas, ou négative, en nous retranchant une petite partie de notre nourriture, comme le dessert. Pendant ce temps de la Passion, soyons bien fidèles à accepter tout ce qui se rencontre en esprit de pénitence. Efforçons-nous de nous bien unir à Notre-Seigneur, pour ne pas faire deux choses avec lui. Pendant qu'il porte sa croix, que nous ne cherchions pas à nous débarrasser des nôtres. Souvenons-nous que nous sommes religieux et que nous portons la mortification de Jésus-Christ.