Chapitres pour les Oblats 1873-1899

      

L'ordre du jour

Chapitre du 11 mars 1885

“L'ordre du jour sera observé dans chaque maison avec la plus grande exactitude, et les Oblats de Saint François de Sales, soit en mission, soit en voyage, s’y conformeront autant que possible, pour ce qui regarde les exercices personnels, tant intérieurs qu’extérieurs” (Const., XVI:1; p. 57-58).

L’ordre du jour, prescrit par la Règle, sera observé dans toutes nos maisons, dans les collèges et dans toutes les autres maisons, dans toutes les charges, par exemple, un aumônier de Visitation. L'heure à laquelle doivent s'accomplir les exercices peut seule être modifiée, mais non pas la somme des exercices.

“Que chacun observe exactement et affectueusement le Directoire spirituel pour les actions journalières donné par Saint François de Sales, et qu’il pratiqua lui-même avec tant de fruit pour son âme et d’édification pour la Sainte Eglise” (Const., Art., XVI:2; p. 58-59).
C'est là notre grande affaire. Nous serons exactement, au point de vue de la vertu et du fruit que nous obtiendrons, au niveau de ce que nous serons par le Directoire. C'est le thermomètre, non seulement de notre perfection à nous, mais aussi du résultat que nous obtiendrons. J'ai remarqué, disait la bonne Mère, que les dons de Dieu et l'influence surnaturelle étaient en rapport avec la pratique du Directoire. C'est notre chaîne, ce sont des bandelettes que nous devons porter continuellement sur nos bras et devant nos yeux. Pour nous, le grand moyen, c'est la fidélité. Faisons des journées de fidélité pour obtenir la grâce, et nous l'obtiendrons certainement. Il faut que nous ayons l'esprit de notre vocation. Or l'esprit se forme par l'habitude, non par nos conceptions, mais par nos actions. Si donc nous voulons l'avoir, il faut pratiquer le Directoire, car le Directoire peut seul le donner. Des personnes peu capables ont réalisé des choses extraordinaires par la pratique du Directoire.

“Le lever est à 5 heures. L’exercice du matin et l'oraison dureront une heure” (Const., Art. XVI:3; p. 59).

Nous devons suppléer aux exercices que nous n'aurions pu faire. Ainsi, si par suite de quelque empêchement, notre oraison a été manquée, nous devons y suppléer pendant toute la journée, en faisant toutes nos actions, en dirigeant toutes nos intentions vers ce but. C'était la méthode de saint François de Sales, surtout dans les dernières années de sa vie, alors que le nombre de ses occupations lui prenait tous ses instants. Il faut donc faire mieux toutes ses actions pour suppléer à l'oraison, et dire au bon Dieu: “Venez à moi, puisque je ne suis pas allé à vous ce matin”. Si on était obligé de se dispenser de l'oraison pour longtemps, on ne pourrait pas le faire sans avoir consulté le supérieur, le confesseur.

L'oraison doit être la base de notre vie, puisque c'est l’œuvre de Dieu, que nous opérons. Mais comment la faire? Faire oraison, disait la bonne Mère, c'est s'entretenir avec le bon Dieu de nos affaires. Donc il faut la faire avec les actions de la journée, avec nos péchés, avec nos difficultés, avec ce que nous aurons à souffrir, en un mot, suivre l'attrait du bon Dieu. Il faut que dans nos directions nous amenions nos pénitents, nos dirigés à faire oraison. Comment? Par les mêmes moyens. Pas de méthode prise d'avance; l'oraison faite avec des livres est souvent au-dessus des forces des trois-quarts et demi des gens. Méditer suppose une certaine force, une certaine capacité. Il faut amener les gens à faire l'oraison comme nous-mêmes, selon l'attrait. S'ils ont des péchés difficiles à corriger, qu'ils fassent oraison là-dessus, ou encore sur les actions, sur les devoirs de la journée. L'oraison, c'est le déjeuner du matin.

Du temps de notre saint Fondateur, tout le monde était encore chrétien. Il a pu donner des méthodes d'oraison parce que dans les collèges, dans toutes les maisons, on apprenait encore à faire oraison. Donc  l’habitude existait. Maintenant, cela n'est plus possible. Il faut donc voir ce que la personne peut faire et donner une méthode suivant ses travaux, ses besoins, ses goûts, ses dispositions. De cette façon on connaît ce qui doit être la nourriture d'une âme et l'on est pour elle la lumière du bon Dieu qui la met dans son chemin. Demandons aux âmes ce qui les touche, qui leur fait du bien, si c'est la pensée du ciel, ou celle de Dieu offensé par le péché, et donnons-leur le moyen de s'entretenir avec Dieu de ces sujets pendant un certain temps.

“Tout le pays est désolé et personne ne prend cela à cœur” (Jr 12:11). Les sacrements sont une nourriture, mais non une vie. Il y a des nuances divines dans chaque âme; au directeur de les discerner, et ainsi de mettre ces âmes en rapport, en communication avec Dieu. Toutes les âmes ont cela, même les plus délaissées. La bonne Mère , lorsque elle était petite enfant, ayant à communiquer avec des parents ou des étrangers, disait à Dieu: “Mon Dieu, faites que je distingue bien et que je respecte bien ce qu’il y a de vous en telle personne”. Et ainsi elle communiquait avec le bon Dieu. Donc, faire faire oraison aux âmes, suivant ce qu’elles peuvent, et pour cela crier, demander la lumière au bon Dieu dans le saint tribunal. Avec cela, quelquefois nous étonnons les âmes en leur donnant juste ce qui leur est nécessaire. Toutes les âmes se détournent de Notre-Seigneur. Il faut donc, comme le disait la mère Marie de Sales, mettre du fonds dans les âmes.