Chapitres pour les Oblats 1873-1899

      

Le Directoire, notre accès à la sainteté

Chapitre du 11 décembre 1879

Notre Père nous pressa de nous donner à notre Directoire. Le Directoire ne reste pas incompatible avec les plus grandes occupations intellectuelles. Sa pratique, pour l'âme qui y est façonnée, n'interrompt pas plus le travail que la respiration. Au contraire, elle soulage, elle repose. Aussi les âmes qui pratiquent le Directoire, font-elles tout ce qu'elles ont à faire en matière de perfection.

Croyons bien à notre Directoire. Ce n'est pas seulement un recueil de pieuses aspirations, c’est un système, une méthode pour aller à Dieu. La meilleure nourriture est une nourriture simple, non surchargée de ce qui pourrait piquer le goût. De même le Directoire ne nous donne rien qui puisse être l'objet d'une haute contemplation. Il fait pourtant des saints. Celui qui l’aura bien pratiqué sera digne de la canonisation. En effet, en quoi consiste la sainteté? Dans l'union de notre volonté à celle de Dieu dans le moment présent. Tout est là. Car le passé n'est plus à nous; l'avenir ne nous appartient pas; nous n’avons que le moment présent. Voilà ce que nous devons sanctifier. Or en faisant ce qu'à chaque instant le Directoire nous dicte, nous sommes assurés de faire à chaque instant la volonté de Dieu. Que si nous ne comprenons pas la voie par laquelle nous mène le Directoire, si nous ne voyons ni le pourquoi, ni le comment, allons quand même. Confions-nous dans les assurances de notre saint  Fondateur, dans les promesses de Dieu. C’est le paradis par avance. Les saints du ciel sont continuellement dépendants de la volonté de Dieu. Le Directoire nous fait atteindre à cette bienheureuse dépendance.

Quel est le saint sur la terre qui soit assuré de faire la volonté de Dieu à tout instant? Personne au monde. Seul l’Oblat fidèle au Directoire peut le dire et prendre pour lui les paroles de Notre-Seigneur: “Mon Père est à l’œuvre jusqu’à présent et j’œuvre moi aussi” (Jn 5:17). Est-ce à dire que nous valions mieux que les autres? Certainement non. Nous en avons assez de preuves. Mais Notre-Seigneur a bien voulu nous faire cette grâce par pure bonté.

Prions nos saints Fondateurs de nous donner l'intelligence et la pratique de ces choses. L’âme de notre bienheureux père ne quittait jamais Dieu, suivant l'expression de sainte Jeanne de Chantal. Et comme on lui demandait un jour combien de temps il était resté sans avoir la pensée de la présence de Dieu: “Un quart d'heure”, répondit-il.