Chapitres pour les Oblats 1873-1899

      

L'union à Dieu

Chapitre du 4 décembre 1879

“Que toute leur vie et exercices soient pour s'unir à Dieu ...” —  C’est là le but de toute notre vie. Il est certain que notre saint Fondateur nous propose pour cela des moyens souverainement efficaces. Il disait lui-même que s'il avait connu quelque chose de plus parfait il l’aurait enseigné. Ce n'est pas pour déprécier les ordres pénitents qui semblent avoir le privilège des miracles, ni d'autres ordres si agréables à Dieu par leur zèle. Mais l'Eglise rend ce témoignage à saint François de Sales qu'il nous conduit à la perfection par une voie sûre et simple. Or sans la perfection de la charité, les miracles, les prophéties, les pénitences, ne sont rien. Sans doute, les œuvres extérieures nous conduisent à la perfection, mais perfectionner notre intérieur, de telle sorte que ces mêmes œuvres en reçoivent vie et mouvement, voilà qui nous y mènera plus sûrement.

C'est alors que, vivifiés par ce souffle puissant, nos travaux pourront aider la sainte Eglise de Dieu et le salut du prochain. Laissons-nous donc bien inonder de Dieu par notre Directoire, puisque Dieu est tout pour nous. Qu'il prenne toute notre journée. Là est notre force. De même que la tendre fleur, plongée dans certaines eaux, se pétrifie et devient résistante, de même, suivant la comparaison de saint François de Sales, nous deviendrons, étant plongés en Dieu, quelque chose de résistant, capables de vaincre la tentation.

Nous avons des exemples de ce que peut le Directoire dans les Visitandines. Hé bien! Le Directoire peut encore bien plus sur des hommes, qui ont plus de stabilité dans le jugement et la volonté et qui, exempts d'une si grande mobilité, ne peuvent prendre une bonne fois la pratique du Directoire sans en retirer des fruits de sainteté. La tentation viendra. Alors il nous semblera que ces pratiques sont vaines, inutiles. Allons quand même, laissons passer la tentation. Du Directoire pratiqué à contre cœur sortira la sainteté. Pendant 20 ans, sainte Thérèse [d’Avila] éprouva une répugnance invincible pour les exercices de la communauté, et telle fut la violence de sa résistance qu'elle fut atteinte d'une très douloureuse névralgie.

Enfin la base du Directoire, c'est la mortification. C'en est une de soumettre et assujettir continuellement sa pensée. Un vrai Oblat doit toujours trouver quelque mortification à faire. Il se retranche un petit plaisir. Il est si facile de le faire sans que personne s'en aperçoive. Trop faible pour payer en une seule fois les deux kilogrammes de mortification qu'il doit à Dieu, il répète mille et mille fois ses pratiques jusqu'à ce qu'il soit arrivé au chiffre demandé. Le Directoire est comme des couleurs qui ne peuvent se peindre que sur une surface polie et unie: la mortification.

Prions beaucoup saint François de Sales, sainte Jeanne de Chantal, notre vénérée mère Marie de Sales et la bonne sœur Marie-Geneviève pour que nous soyons leurs héritiers en ces sortes de choses. Alors nous serons heureux.