Chapitres pour les Oblats 1873-1899

      

Le maître des novices, la reddition de comptes, les frères convers 

Chapitre du 3 juillet 1879

Notre Père nous lut dans la Règle ce qui concerne le maître des novices. Cette charge est si importante que le Père qui doit l'exercer est choisi par le chapitre général. Il doit avoir 35 ans d'âge et 10 ans de profession. Il a la direction intérieure et extérieure des novices et des aspirants, tout en leur laissant la liberté de communiquer avec le supérieur. Les novices doivent donc lui rendre compte de leur intérieur. Au sujet de la reddition de comptes il y avait eu des abus dans certaines communautés de femmes. On y avait étendu la reddition de compte au-delà des limites de la Règle, jusqu'à ce qui touche la pratique du décalogue. Il n'y avait pas grand mal en soi à ce qu'une religieuse découvrît naïvement même ses péchés à sa supérieure. Cependant les supérieures en abusaient. Quand une religieuse s'ouvrait moins entièrement qu'une autre sur ce point, elle était moins estimée. De là des préférences, des refroidissements.

Voilà pourquoi la cour de Rome défendit aux supérieurs d'exiger la confession de leurs religieux. Cependant, pour nous religieux Oblats, nous ne devons pas craindre de faire notre reddition de comptes avec trop d'ouverture. D'abord le maître des novices, étant prêtre et confesseur de ses religieux, il est évident que l'inconvénient n’est pas le même que pour les femmes. Ensuite, notre Règle est surtout intérieure, et si nous ne disons rien de l'intérieur, notre reddition de comptes ne comprend que ce qui est l'écorce de la Règle.

Nous devons donc faire cette action avec une confiance ronde, franche, naïve, simple et enfantine. Il faut être comme un enfant devant son père. Si nous ne devenons petits enfants, nous n'entrerons pas dans le Royaume des cieux (Cf. Mt 19:14). La reddition de comptes est un exercice qui apporte une grande paix à l'âme. Il faut en tirer tout le profit qu'il est destiné à nous apporter. Le maître des novices, dit la Règle, doit former ses religieux avec les moyens de saint François de Sales, sans trop en employer d'autres. Ce mot trop n'a pas été ajouté par la cour de Rome, mais seulement à la demande de quelques ecclésiastiques. On peut certainement sans danger se montrer absolu sur ce point à l’exemple de saint François de Sales, qui, dans le Directoire, interdit tout ce qui est étranger à 1'Institut.

Les frères coadjuteurs doivent se souvenir que leur part est la meilleure. Ce sont eux qui reçoivent le plus de grâces, parce qu'il n'y a rien qui soit plus propre à entretenir notre âme dans l'état d'oraison que le travail manuel. Cela était si bien reconnu au moyen âge qu'une multitude de nobles personnages demandaient, en entrant au monastère, les offices les plus bas, si bien que l'on fut obligé d'établir un ordre de frères laïques. Les frères dans une communauté sont ou meilleurs ou pires que les autres, parce qu'ils ont plus d'occasions ou de correspondre à la grâce ou d'en abuser. Ils doivent servir avec amour, regardant Notre-Seigneur en la personne de ceux qu'ils servent, se porter un amour cordial les uns aux autres, rendre une obéissance bien simple à l'économe auquel ils sont soumis pour ce qui regarde leurs charges.

Des œuvres auxquelles nous devons nous appliquer. Ces œuvres sont en premier lieu l'éducation de la jeunesse. Il faut élever nos élèves, suivant les principes de saint François de Sales, et en faire des chrétiens fondés sur le détachement d'eux-mêmes. Les professeurs doivent se garder de deux excès qui seraient, ou de ne jamais parler à leurs élèves de ce qui regarde la foi, ou de leur en parler d'une manière continue, qui engendrerait l'ennui et l'indifférence. Il faut suivre notre saint Fondateur qui est partisan de la communion fréquente. Cependant il ne faudrait pas exagérer pour des enfants qui sont destinés à vivre dans le monde. La communion doit être un peu méritée. Avant de faire toutes ces choses, nous devons nous former nous-mêmes; travaillons bien à cette formation intérieure et personnelle.