Chapitres pour les Oblats 1873-1899

      

Le Directoire, l'assistant, l'économe

Chapitre du 26 juin 1879

Notre Père nous recommanda encore la pratique fidèle de l'observance, et spécialement du Directoire. C'est le Directoire qui fait l'Oblat de saint François de Sales. Le reste n'est que la matière dont se fera la statue. Le Directoire est le moule, moule qui a un merveilleux pouvoir pour imprimer une même forme à plusieurs âmes en fondant leurs esprits et leurs cœurs. Et cette fusion paraît même à l'extérieur. D'où vient qu'on ne distinguerait pas une Visitandine de Paris d'une Visitandine de Prusse? La Règle de saint François de Sales a par-dessus toutes les autres le pouvoir d'unir les âmes dans une même forme. Le Directoire ne paraît rien, et cependant pour nous il est tout, et ce qui en sort c'est la sainteté. S'il nous faut dix ans pour le bien pratiquer, employons-y dix ans, mais ajoutons chaque jour quelque chose.

Notre Père continue la lecture de la Règle. L’assistant devra remplacer le supérieur ou être employé à tout ce que le supérieur jugera à propos de lui confier. Cependant il doit s’occuper spécialement de la chapelle et de la bibliothèque. En outre il est chargé des relations avec les étrangers, afin d'éviter au supérieur une diversion trop fréquente de la direction intérieure de la maison. En tout cela, il doit tenir le supérieur au courant de tout ce dont il est chargé et ne rien faire en dehors de lui.

L'économe doit administrer le matériel de la congrégation. On doit lui demander ce dont on a besoin. Et à ce propos rappelons-nous qu'il y a une immense bénédiction à manquer de quelque chose. Il ne faudrait pas manquer du nécessaire, mais hors de là, si nous manquons d'une chose, c'est la part faite à Dieu, nous devons l'aimer chèrement, sachant que Dieu n'abandonne jamais l'âme qui manque de quelque chose pour l'amour de lui.

Il faudrait que l'économe fût un saint, parce que les objets matériels administrés saintement portent avec eux une grâce immense. Il faut que chacun de nous regarde tout ce qui lui sert comme ne lui appartenant pas, mais qu'il le respecte comme le bien de Dieu, que celui-ci dans sa bonté laisse à notre usage. Si nous faisons ainsi, Dieu prendra soin de notre bien et les objets matériels auront une vertu puissante pour nous sanctifier. Cela ne doit pas étonner puisque les sacramentaux nous sanctifient. Les mets que nous prenons nous sanctifient, car ils reçoivent la bénédiction du prêtre avant le repas. Habituons-nous donc à ne nous servir d'aucun objet que comme appartenant à Dieu, et nous verrons combien cette pratique nous remplit de Dieu, nous embaume de Dieu. La mère Marie de Sales disait que, si le Fils nous sanctifie par la Rédemption, le Saint-Esprit par son habitation dans nos âmes, le Père nous sanctifie aussi par sa création si nous en usons saintement. Faisons donc bien cela en l'honneur de la Sainte-Trinité, laquelle nous sanctifiera et nous conduira à la vie éternelle.