Chapitres pour les Oblats 1873-1899

      

La direction d'intention

Chapitre du 15 novembre 1878, recueilli par le P. Lebeau

Notre Père a d'abord fait une remarque sur les coulpes, nous disant que, si l’on ne donne que de petites pénitences, c'est pour être en cela plus conforme à l'esprit de notre bienheureux Fondateur, et que, si l'on ne fait point les avertissements et les remontrances, il faut que nous, de notre côté, nous nous les fassions très sévèrement, et que, quand nous faisions nos coulpes, ce soit avec un esprit bien humble et bien repentant.

Après avoir ouvert le Directoire au chapitre de la direction d'intention, il a insisté sur ces deux points: offrir tout le bien que nous allons faire, et souffrir toute la peine et mortification qui s'y rencontrera. Il a voulu surtout nous bien faire comprendre le dernier, et nous a dit qu'il ne faudrait jamais que quelqu'un de nous fasse quoi que ce soit au monde, sans avoir quelque chose à souffrir.

Il faut que nous imitions Notre-Seigneur. Il a porté sa croix toute sa vie, la croix de la pauvreté entre autres. Il faut aussi que nous ayons toujours quelque chose à souffrir. Si par hasard il arrivait que vous fassiez une action sans avoir la moindre petite souffrance, vous auriez droit de vous écrier et de dire: “Eh! Seigneur, vous ne m'aimez donc plus, puisque vous me retirez tout moyen de souffrir avec vous”. Cette souffrance que nous recevons à l'avance a de plus un bien plus grand prix que si nous l'acceptions au moment même. Notre-Seigneur lui-même a accepté sa croix, non seulement au moment de la porter, mais au jardin des Oliviers, quand il a dit: “Que ta volonté se fasse” (Cf. Lc 22:42). Toute cette semaine, nous avons eu tous les jours à l'obédience la même intention: c'était afin que Dieu mette dans l’âme des élèves la foi et la crainte de Dieu.