Retraites 1887

      


NEUVIÈME INSTRUCTION
L’Oblat

Demain dimanche, nous terminerons la retraite à midi et demie. Plusieurs de nos Pères ont un ministère à remplir dans les Œuvres, cela ferait une retraite un peu décousue. Nous dirons ce soir l'ordre des exercices de demain matin. Pendant la retraite, j'ai pu vous donner différents points à méditer sur vos devoirs, sur les choses pratiques de votre vocation. Ce matin, je voudrais résumer ces pensées‑là en vous traçant le portrait, la silhouette de l'Oblat.

Qu'est‑ce qu'un Oblat? Qu'est‑ce que doit être un Oblat dans l'Eglise de Dieu? Chaque religieux a son caractère, sa physionomie. Il est absolument nécessaire que nous ayons notre caractère, notre physionomie, notre figure à part. La vie de la bonne Mère, les instructions qui vous ont été faites, ont dû vous tenir au courant de ce que vous devez être, vous en donner une certaine connaissance, une notion suffisante pour que vous soyez bons religieux; mais il est bien nécessaire, je crois, d'insister encore là‑dessus, pour que chacun se rende bien compte de ce qu'il doit être.

Dans l'Eglise de Dieu, les ordres religieux ont eu pour mobile d'imiter chacun une vertu de Notre-Seigneur Jésus-Christ: son humilité, sa pauvreté, son zèle, sa charité; chacun a son cachet particulier, parce que chacun a sa vertu propre. Il y a un grand avantage à cela; cela donne de l'ordre, de la vie, de la vigueur. Dans une armée, il y a différents corps, différentes armes: l'infanterie, la cavalerie, l'artillerie. Il y a différentes divisions, différentes catégories qui développent l'énergie, la vie. Que sommes‑nous, nous,venus les derniers en suite de la prédiction de notre saint Fondateur, faite sur son lit de mort? Il dit alors qu'on verrait plus tard sa pensée se réaliser, s'incarner dans certaines âmes sacerdotales, revêtues d'une force particulière, spéciale. Il dit qu'un certain nombre de prêtres, ayant au cœur la charité, exécuteraient les desseins qu'il avait eus pour le salut des âmes. Il dit tout cela à son confesseur qui l'a affirmé, qui en a donné l'attestation.

Sœur Marie-Geneviève avait depuis plus de 20 ans des lumières sur ce point. Elle voyait dans le ciel notre saint Fondateur extrêmement empressé, occupé à une mission toute nouvelle, plus abondante et plus fructueuse encore que l'ancienne. Lisez enfin la Vie de la bonne Mère Marie de Sales et vous verrez que les Oblats ont une mission particulière. Quelle sera cette mission? Dieu seul connaît l'avenir. La bonne Mère a dit que nous irions par toute la terre pour faire l'œuvre de Notre-Seigneur, pour le représenter. Elle a dit que cette œuvre aurait un caractère particulier, que son action serait toute puissante et toute de charité sur les âmes; que tout ce que nous ferions regardant l’œuvre de Dieu, serait vraiment l’œuvre de Dieu, et non l’œuvre de nos mains. Ce serait l'intervention divine et non pas l'effet de notre volonté; voilà les grands traits de ce qu'a esquissé la bonne Mère au sujet des Oblats (Vie de la Mère Marie de Sales Chappuis, [Paris, 1891], pp. 439-445).

Pour atteindre ce but, qu'est‑ce que doit être l'Oblat vis‑à‑vis de Dieu surtout? Vis‑à‑vis de Dieu, il faut la générosité jusqu'à la mort, il faut être fidèle, aimant jusqu'à l'amour parfait, jusqu'à la charité parfaite, en suivant le chemin du Directoire. Nous n'emploierons pas de grands mots, nous ne nous glorifierons pas d'avoir une grande expérience des âmes, nous n'irons pas parlant sans cesse d'apostolat, de dévouement, de martyre. C'est là un vocabulaire que nous ignorons. Notre unique moyen, c'est d'être entièrement et complètement généreux avec Dieu. Pas de grands actes, pas de grands mots. Qu'est‑ce du reste que le martyre lui‑même? La grâce de Dieu qui vient donner la force de rester fidèle en cette circonstance suprême, comme l'on a été précédemment fidèle dans les petites circonstances. Et cela est si vrai que la théologie défend de se poser cette question: “Aurai‑je le courage de subir le martyre?” Elle ne veut pas que nous nous mettions en face d'un acte tout surnaturel à accomplir, quand nous n'avons pas encore, dans le moment, la grâce particulière nécessaire pour l'accomplir. Nous ne faisons rien de ces choses‑là. Nous nous efforçons de mettre une générosité entière dans les choses de l'observance, dans la direction des âmes, dans l'éducation. Nous enseignons cette manière de faire, cette générosité qui fait qu'on renonce à ses inclinations pour laisser faire l'action de la grâce. L'Oblat ne paraît rien, n'est rien en lui‑même. Tout son être et tout son acte est de répondre à toutes les volontés de Dieu au moment présent.

Qu'est‑ce que faisait la bonne Mère Marie de Sales? Elle fut une grande sainte dès son enfance. Comment y parvint‑elle? En dominant à chaque instant ses inclinations naturelles, en faisant à chaque instant, à tout moment la volonté actuelle de Dieu. Je ne l'ai jamais surprise refusant quelque chose au bon Dieu. Est‑ce rien cela? Est‑ce de la faiblesse? C'est tout. C'est l'héroïsme. Le soldat est héroïque quand il meurt en montant à l'assaut. C'est un acte de générosité héroïque. Le religieux fait à tout instant un acte plus parfait. Il monte à l'assaut de ses répugnances, de ses passions. Il va planter au sommet de tout cela le drapeau de la victoire, il va se rendre maître de la place. Ce n'est pas rien cela. Voilà le caractère essentiel de l'Oblat. Ce n'est pas quelque chose de languissant, de fade; c'est au contraire une suite d'actes d'une extrême énergie et générosité constamment répétés. Voilà notre affaire, la générosité envers le bon Dieu en toutes choses. Il en coûte de faire la classe de telle ou telle façon, d'obéir dans telle circonstance: obéissez, faites brèche dans vos répugnances, faites cela toujours et soyez victorieux. Soyez toujours en haleine, toujours en exercice. C'est là notre Règle, notre chose, c'est à quoi nous sommes appelés, c'est notre fonds, notre vie. Vous souffrez, vous êtes malades, fatigués, on conteste ce que vous dites, on vous humilie, on vous met de côté, que sais‑je? Prenez tout cela, sanctifiez tout cela, relevez cela à la hauteur de Dieu, à la hauteur de votre vocation.

Sans l'amour, sans la charité, tout cela n'est rien: “une cymbale qui retentit” (1 Co 13:1). Ce sont des actes vains, des paroles vides, pas autre chose qu'un son inerte, du bruit. L'amour vivifie tout cela. Et jusqu'où faut‑il porter cet amour? Demandez‑le à Notre-Seigneur: “Jusqu’à la mort” (Ph 2:8). “Mais,direz‑vous peut‑être, c'est un sentiment que je ne connais pas, celui-là. Le bon Dieu m'a donné un cœur qui naturellement n'est pas porté à l'amour”. Il n'y a pas de mal à cela: “Quiconque écoute ma parole et la met en pratique”, voilà la marque (Mt 7:24). Ayez l'amour effectif. Si Dieu ne vous donne pas l'affectif, peu importe, l'effectif est essentiel. Notre saint Fondateur le répète bien souvent: Si vous n'avez pas le sentiment, vous avez du moins la parole. Dites à Dieu que vous l'aimez. Et puis il y a toujours au fond du cœur une volonté d'être à Dieu et de l'aimer, et cette volonté, fût‑elle dépouillée de tout sentiment, est une chose sacrée que Dieu a mise en nous; c'est l'élément le plus actif, c'est une force irrésistible dans l'oeuvre de notre sanctification. Cette volonté, c'est toujours l'amour; c'est Notre-Seigneur qui nous fait agir; c'est parce que nous aimons que nous agissons. Au lieu de laisser notre amour se tourner vers nous‑mêmes, vers la créature, tournons‑le vers Dieu.
Travaillons à cela. Si nous nous appliquons bien à aimer Dieu d'un amour effectif, en agissant pour lui, à force de parler, d'agir, de souffrir, nous finirons bien par l'aimer un peu de l'amour affectif. Dieu nous récompensera en nous donnant le sentiment de l'amour que nous aurons au fond du cœur. Personne ne connaît l'amour affectif réel, s'il ne connaît l'amour effectif. On peut connaître la foi, quand on n'est pas généreux, quand on n'agit pas pour Dieu; jamais on ne connaîtra l'amour. L'habitude d'agir ainsi se contracte bientôt, on agit sous le souffle de l'Esprit de Dieu. Et l'amour qui est l'Esprit de Dieu vient habiter d'une façon permanente en nous. Voilà l'Oblat vis‑à‑vis de Dieu.

Vis‑à‑vis de lui‑même, que doit‑il être? Quoi de plus vrai, de plus sincère que la bonne Mère? Notre première qualité vis‑à‑vis de nous‑mêmes sera donc la sincérité. Nous nous jugerons tels que nous sommes, au dedans de nous‑mêmes, conformément à notre situation vis‑à‑vis de Dieu. Nous estimerons les moyens que Dieu nous a donnés à leur juste valeur, telle qu'elle est, sans nous faire d'illusion. Nous verrons en cela l'oeuvre du Saint-Esprit qui, comme au jour de la création, plane sur les eaux de notre âme et les féconde. Voyons et jugeons à cette lumière, et nous jugerons dans la clarté, et dans la sincérité. Si nous jugeons bien ces dons, nous en apprécierons bien la valeur. Si celui à côté de qui nous sommes paraît être moins bien doué que nous, avoir moins de valeur, qu'est‑ce que cela prouve? Il a moins reçu, mais est‑il réellement moins bon? Jugeons ainsi de nos vertus, de nos talents, de nos moyens, de notre état de conscience vis‑à‑vis de Dieu: “On ne se moque pas de Dieu” (Ga 6:7). Dieu ne peut jamais se tromper sur nous; ne nous trompons donc pas nous-mêmes. Que ce fonds de sincérité se retrouve dans notre caractère, dans toute notre vie, et que ce soit une des marques de l'Oblat que la sincérité avec lui‑même.

Second caractère de l'Oblat vis‑à‑vis de lui‑même: qu'il soit laborieux. Laborieux, non pas précisément par l'opération extérieure, par le travail dépensé dans l'emploi qui nous est confié; mais laborieux vis‑à‑vis de nous‑mêmes. “N’est-il pas un temps de service qu’accomplit l’homme sur la terre, n’y mène-t-il pas la vie d’un mercenaire?” (Jb 7:1). Voilà la vie de tous les hommes, un combat, un travail continuel et sans relâche. Les peines et les labeurs de la vie doivent être acceptés comme des présents que Dieu nous fait, avec générosité et courage. Entremêlons constamment ces travaux de mouvements surnaturels. Les passions s'en emparent, si nous n'y prenons pas garde: c'est l'orgueil, la sensualité, l'ambition, que sais‑je?  Tout cela c'est le filet de l'oiseleur qui retient l'âme. Il faut se débarrasser constamment de ce filet par le travail de la réforme de nous‑mêmes. Si par paresse nous  fuyons le labeur et la peine, ce filet ne sera bientôt plus qu'un fil d'étoupe qui se rompra et disparaîtra bientôt. Mais ne laissons pas ce fil d'étoupe s'amonceler en un câble énorme que nous ne pourrions plus rompre. “Mais, mon Père, c'est une leçon difficile que celle‑là”. Encore une fois c'est plus facile de remuer la paille gerbe par gerbe, que de vouloir transporter une meule de blé.

A propos du travail intérieur, je veux dire un mot du travail extérieur. Chacun doit s'efforcer d'arriver à la perfection dans le travail de sa vocation, et cela pour mieux imiter Notre-Seigneur. Que ceux qui professent, qui étudient, ceux qui travaillent des mains aient le désir, la volonté absolue d'arriver à ce qu'ils pourraient obtenir de mieux, de plus entier, de plus complet: qu'ils ne restent pas à moitié chemin. Si nous nous adonnons à ce travail consciencieux et dévoué pour l'amour du bon Dieu, nous obtiendrons cet amour; nous serons utiles à la société à laquelle nous fournirons des hommes capables d'enseigner, qui tiendront une place dans le monde, non par orgueil, mais par devoir, pour imiter Notre-Seigneur. Que chacun s'efforce donc, pour en arriver là, de bien observer son règlement, qu'on se mette à l'oeuvre avec toute l'ardeur et toute la générosité possible, et qu'on ne reste pas en chemin. Notre-Seigneur, qui n'avait nul besoin de travailler, a travaillé toute sa vie pour gagner son pain matériel.

A l'extérieur, quels sont les caractères de l'Oblat de saint François de Sales? L’Oblat est un religieux simplement vêtu. Notre-Seigneur ne portait pas de vêtements extraordinaires. Il est vêtu selon ce que le marquent le Directoire, le Coutumier. L'Oblat est simple dans ses paroles, dans ses actes, dans ses manières. Il agit en tout cela naturellement et un grand sentiment d'édification ressort de tout cela. Il s'efforce de mettre ses pieds dans la trace des pas de Notre-Seigneur. Il met en tout ce qu'il dit et fait ce cachet de grande simplicité, qui est toujours un cachet de grande distinction et de grande dignité. Voyez comme tous les hommes qui ont une intelligence remarquable, paraissent plus simples que ceux qui sont moins bien doués sous ce rapport. Ne cherchons à nous faire remarquer ni par l'esprit, ni par la piété extérieure, extraordinaire, mais que tout notre extérieur soit simple et uniforme. Qu'en voyant un Oblat on voie tous les autres.

Fixons‑nous bien sur toutes ces manières extérieures auxquelles le monde attache tant d'importance. Quand nous sommes à table, ne nous accoudons pas, ne gesticulons pas avec le couteau, comme feraient des gladiateurs romains. Gardons bien fidèlement toujours les traditions de la vieille politesse. Imitons ce que l'on fait à Rome, où j'ai eu plusieurs fois l'occasion de dîner dans de bonnes familles, et chez notre Saint-Père le Pape lui‑même. Tout est simple, convenable, digne. On oublie maintenant ces vieilles traditions. Les messieurs et les dames ont établi un laisser-aller choquant: ils crient fort, se tiennent mal, ont sans cesse la cigarette à la bouche. Ne prenons pas ce genre. Que tout chez nous soit simple, convenable, à propos, et laisse une bonne impression et ne nous fasse pas distinguer comme les gens de couches nouvelles.

Que tout en nous édifie et prêche. Saint François d'Assise disait au Frère Léon: “Allons prêcher”. Et ils parcoururent les rues de la ville, les différentes places et rentrèrent au couvent. “Mon Père, dit le Frère Léon, nous allions prêcher et nous n'avons pas dit un mot.” — “Frère Léon, nous avons mieux prêché que si nous avions parlé bien haut: par notre maintien, nos yeux baissés, notre pauvre habit, nous avons montré Jésus-Christ au milieu des hommes. “Nous avons montré le Christ plus que nous ne le ferions en parlant de lui” - [“Ostendimus Christum plus quam loquentes de Christo”]. Soyons bien réguliers dans notre conduite et nos manières: pas de discussions. Ne nous animons pas en conversation. Si nous ne pouvons parler de sang- froid, retirons‑nous sans dire un mot, ou taisons‑nous en toute prudence. N'élevons pas la voix. Notre-Seigneur disait de lui‑même qu'il n'était pas la voix dans les places publiques (Is 42:1; Mt 12:19). S'il est de notre devoir de parler, disons un mot charitable et ferme, mais sans passion aucune. Oui, soyons bien simples et bien bons, afin de toujours édifier, afin que personne ne puisse nous vitupérer, comme dit l'Apôtre (2 Co 6:3), ou nous blâmer en quoi que ce soit. Que nous portions toujours bien la forme de Jésus-Christ en nous (1 Co 15:49; Ph 17).

J'ai été déjà bien long aujourd'hui; je veux pourtant avant de vous quitter vous dire encore quelques mots pour vous encourager à rester bien au-dedans de vous‑mêmes, à être bien généreux, à bien retracer au-dedans et au-dehors de vous‑mêmes ce portrait fidèle de l'Oblat. Soyez bien simples, bien modestes, bien judicieux et sincères. Que tout en vous soit vrai, exact, bien laborieux au travail. Mortifions‑nous bien en tout cela, remontons constamment le courant du fleuve; montrons bien aux fidèles que nous n'avons qu'un seul cœur et qu'une seule âme (Ac 4:32). Tâchons bien qu'on ne distingue pas parmi nous celui‑ci ou celui‑là, mais que toutes les fois qu'on parle de l'un de nous, on dise qu'il a bon genre, selon la locution grecque. Evitez bien de dire votre sentiment à la légère devant les hommes et devant les femmes, devant les femmes surtout. Les femmes ont dans leur nature un tel désir qu'on s'occupe d'elles, qu'elles sont disposées à dire tout le mal possible de leurs supérieurs et de ceux qui vous ont précédés auprès d'elles, afin de mieux vous intéresser à elles. Je n'ai connu qu'une seule femme au monde qui ne fût pas comme cela, la bonne Mère Marie de Sales et peut‑être aussi une autre, la Sœur Marie‑Geneviève. Quand vous irez dans une communauté, on ne manquera jamais de vous dire: “Le Père Poupard est bien bon, mais il est un peu jeune, et puis on sent bien qu'il n'a pas tant d'intelligence, tant d'expérience que vous”. Elles ne manqueront jamais de faire cela. Soyez bien prudents, bien discrets. “Ne vous fiez pas à tout esprit” (1 Jn 4:1), et surtout ne vous confiez pas à toute langue.

Vous aurez soin de bien éviter toutes ces choses‑là et de ne pas entretenir les uns vis‑à‑vis des autres le moindre petit nuage, la moindre petite chose. N'ayons bien qu'un cœur et qu'une âme. C'est une recommandation énorme que je vous fais là. On trouve constamment des religieux d'un même ordre, de saints religieux qui vous diront: “Le Père un tel est ceci ou cela”. Et si vous l'estimez, ils s'attacheront à le faire descendre dans votre estime. Evitons cela par‑dessus tout. Si cela vous en coûte un peu de parler autrement ou de vous taire, rappelez-vous que vous ferez ainsi un acte bien méritoire.

Au dehors, que tout édifie les âmes et les porte au bon Dieu et à Notre-Seigneur. Suivons bien la ligne qui nous a été tracée par l'exemple de la bonne Mère, et nous remplirons bien notre vocation. Pendant longtemps, comme je le disais au Pape Léon XIII, je n'aimais pas qu'elle vînt me parler. C'était une femme.” Pourquoi ne lui obéissiez-vous pas? me demandait le Saint Père”. — “Saint Père, si c'eût été mon confesseur, un de mes supérieurs, quelque autre homme vénérable, j'eusse obéi tout de suite, mais c'était une femme“. Oui, c'était une femme. Après le départ de Notre-Seigneur et l'Ascension, qu'est‑ce qu'a fait l'Eglise? Qu'est‑ce qui présidait au Cénacle, aux Apôtres réunis? Qui est‑ce qui expliquait aux Apôtres et aux premiers disciples bien des détails de l'enseignement de Notre-Seigneur? Qui est‑ce qui leur disait l'esprit pratique de Notre-Seigneur, sa manière de vivre, de s'habiller, de converser parmi les hommes? La Sainte Vierge. Il y a dans notre commencement quelque chose d'analogue au commencement de l'Eglise. Ne nous en étonnons pas, car l'esprit des Oblats est si évangélique, si profondément dans le sens de la Rédemption et de la réparation du monde! Encore une fois, soyons ce que nous devons être, et, mes enfants, nous obtiendrons que nos œuvres ne soient pas stériles, mais grandement fécondes.

J'ai des nouvelles de Springbock, de Pella. On reconnaît vraiment là une action extraordinaire de Dieu, l'esprit qui convertit les âmes. Tout s'y fait en toute simplicité, charité, foi, union entre eux; on sent que nos Pères sont Pères, sont vraiment dans l'esprit de notre saint Fondateur, cet esprit qui fait la famille et la société si profondément chrétiennes. Demandons au bon Dieu, demandons à la bonne Mère de nous donner à tous cet esprit.