CINQUIÈME
INSTRUCTION
La chasteté
Nous continuerons notre retraite comme nous l'avons commencée; nous ferons en
sorte qu'elle soit pénétrée par l'Esprit d'en-haut qui nous parle en la
solitude des âmes, comme il parlait autrefois aux apôtres dans la solitude
du Cénacle. Soyons bien seuls avec Lui: “Parle, Yahvé, car ton serviteur
écoute” (1 S 3:9). Je voudrais que cette retraite soit une conversation
intime avec Dieu.
“Mais, mon Père, me direz-vous, le bon Dieu ne me parle pas, et le pire
c'est que je ne puis pas lui parler non plus”.
De deux choses l'une: ou les communications avec Dieu vous sont faciles,
le ciel vous est ouvert. C’est l’échelle de Jacob où les anges montent
et descendent. Ou bien vous ne voyez rien: c'est le prophète Jérémie dans
le puits rempli de vase et de boue, de vos misères et de vos infidélités.
Or, Jérémie méritait alors non seulement pour lui mais pour le peuple
d'Israël. Après qu’il eût été jeté dans ce cloaque par les Juifs qui
le méprisaient et le haïssaient, Dieu lui révéla de grands mystères qu'il
devait transmettre aux peuples, aux générations. Et la parole du prophète Jérémie
ne sera pas morte, elle retentira jusqu'aux extrémités des mondes et des
temps.
C'est encore Daniel dans la fosse aux lions, au milieu des ténèbres et de la
crainte. Approchez: Daniel est-il laissé seul? Un enfant, un fils des prophètes
apparaît, transporté par un ange; il apporte de la nourriture. “Vir Dei
Daniel”. Quelles sont ces paroles ? Homme de Dieu, ami de Dieu. C'est
l'homme à qui Dieu pensait pour ainsi dire seul. Vir Dei. Réfléchissez à
cela. Que la lumière brille ou que vous soyez dans des ténèbres épaisses,
que votre cœur soit ouvert à la confiance, à l'amour, ou qu'il soit abaissé,
écrasé comme sous un fardeau de plomb, Dieu est avec vous. C'est une chose
fort remarquable et dont j'ai fait l'expérience, que les âmes qui avaient le
plus les faveurs de Dieu, n'avaient rien pendant la retraite. J'ai vu de
saintes âmes, qui recevaient de Dieu toute espèce de grâces en temps
ordinaire, dont la volonté était sollicitée sans cesse à des actes de générosité,
qui avaient un grand désir de se sacrifier: au moment de la retraite, plus
rien. Je vous citerai entr'autres la Sœur Marie-Geneviève, qui était en
continuel commerce avec Dieu. Au moment de la retraite, il semblait qu'un
voile se tirait, et elle ne voyait plus rien. Elle souffrait comme si elle eût
été à l'agonie, et cela durait tout le temps de ses retraites.
Profitez bien de ces épreuves si Dieu vous les envoie. Aujourd'hui vous serez
plus seuls. Ce soir, je serai obligé de m’occuper des Œuvres. Si ceux qui
les dirigent s'absentaient, ce serait un grand dommage, parce que c’est leur
présence qui entretient dans les Œuvres le mouvement et la vie. Ce soir vous
resterez donc avec Dieu, vous continuerez votre retraite. Recueillez votre âme,
soyez silencieux. Quand et comment Dieu parle-t-il pendant la retraite? Dans
le bruit et le mouvement? Dieu n'a pas parlé à Jonas sur la mer et dans la
tempête. Il n'a pas parlé à Abraham au milieu des feux du ciel et de
l'embrasement de Sodome. La voix de Dieu, c'est un souffle léger qu'on entend
à peine, comme le souffle qui sort de la poitrine d'un homme. Le prophète
Elie l'entendit, ce souffle, parce qu'il avait fait le silence en lui même:
“Il y eut un grand ouragan, si fort qu’il fendait les montagnes, et
brisait les rochers, en avant de Yahvé, mais Yahvé n’était pas dans
l’ouragan; et après l’ouragan, un tremblement de terre, mais Yahvé n’était
pas dans le tremblement de terre; et après le tremblement de terre un feu,
mais Yahvé n’était pas dans le feu; et après le feu, le bruit d’une
brise légère” (1 R 9:11-12). Voilà un souffle léger, comme le souffle
d'une poitrine humaine, c'est Dieu! Le prophète se prosterne, il adore et
attend.
Ce matin je désire vous dire un mot du troisième vœu de la vie religieuse,
du vœu de chasteté. Il n'est pas dans ma pensée d'entrer dans le détail de
la pratique de cette vertu, puisque vous avez dans la Règle tous les points
qui doivent faire l'objet de vos obligations et de vos méditations. Du reste,
le vœu par lui-même n’est destiné qu'à conduire l'âme à une certaine
situation, à un certain état d'union intime avec le Sauveur, situation, état
que notre saint Fondateur voulait nous voir atteindre et garder. Les vœux
conduisent à l'imitation de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Par nos trois vœux,
et notamment par le vœu de la sainte chasteté, nous ne devons faire qu'une même
âme avec Dieu.
Le vœu de chasteté est un vœu à la fois sacerdotal et religieux. Pourquoi
le prêtre voue-t-il la chasteté? Parce qu'il doit être en rapport intime
avec Dieu. Voyez, le prophète qui a le mieux compris Dieu, auquel Dieu s'est
révélé plus intimement, c'est le prophète qui n'est pas marié, c'est Elie.
Il voit Dieu sur le mont Horeb, sur le mont Carmel. Non seulement il voit Dieu,
mais Dieu lui montre toutes choses, les desseins les plus intimes de sa
Providence. Il lui montre dans le ciel ce petit nuage, semblable au pied d'un
homme, à la trace d'un pas dans le sable. C'est le commencement de la grâce:
le nuage va s'élever et couvrir le ciel. C'est la Vierge Marie dont le culte
commence là et va s'étendre ensuite par toute la terre, qui sera embaumée
du parfum de sa sainteté et de sa virginité.
Saint Jean-Baptiste reconnaît le Sauveur Jésus, et le désigne en disant:
“Voici l’agneau de Dieu” (Jn 1:29). Lui aussi était vierge; il avait la
couronne de la chasteté; seul entre tous les saints, entre tous les hommes,
il était digne de montrer celui qui est le Messie, celui qui est l'Agneau de
Dieu. Quel est celui des Apôtres qui a le mieux connu le Verbe, qui l’a révélé,
le prend en main pour ainsi dire, le fait descendre sur terre et nous le
montre vraiment homme et Dieu? C'est l'Apôtre chaste, c’est l'Apôtre
vierge. “Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons” (1 Jn
1:3). Voilà le sacerdoce. Pour voir Dieu, pour connaître Dieu, il faut avoir
l’âme chaste et pure, il faut toucher Dieu de son cœur, de ses mains. Dieu
ne se communique que par ce moyen. La chasteté est donc la condition absolue
du sacerdoce.
A plus forte raison encore la chasteté est-elle une vertu religieuse, la
vertu religieuse par excellence, la vertu du cœur qui aime Dieu, qui se
consacre à Dieu. C'est le moyen physique de connaître Dieu et d'arriver à
aimer Dieu et à aimer le prochain pour Dieu. Voyez ce que c’est que l'amour
humain. Cherchez à le définir: vous emploierez beaucoup de paroles pour dire
quelque chose de très simple, de très sensible, de très palpable, puisque
c'est l'amour, ce sont les passions qui conduisent aujourd'hui les individus
et les choses. Est-il croyable que tous nos hommes politiques soient par
principe et par raison des hommes de république ou de royauté? N'est-ce pas
la passion qui règne en eux? Pourquoi est-on Franc-Maçon? Pour contenter son
ambition ou ses convoitises: tout est là. Dieu est amour: tout ce qui
rapproche de Dieu est amour de Dieu. Tout amour en dehors de Dieu et de sa loi
n'est que passion et corruption, et malheur à l'homme qui se laisse conduire
par le souffle des passions humaines, qui attise ce feu de l'enfer. C'est un
point faible d'abord, mais qui provoquera ensuite un feu, un incendie qui
couvrira la terre de ruines et de sang.
Mes Amis, qu'est-ce donc que l'amour? L'amour humain? Tout est dans les sens,
dans la jouissance — je parle de
l'amour humain en dehors de l'amour de Dieu —
tout est jouissance sensible. Un être s'attache à un autre être.
Presque toujours, quand ils n'ont pas le sentiment religieux, il y a là un
obstacle au devoir et pas autre chose. C'est une espèce de mouvement,
d'instinct qui passe, qui est grossier pour ne pas l'appeler autrement. Et de
tout cela que reste-t-il? Rien. Ce qu’on a appelé amour disparaît bientôt.
S'il reste quelque chose ce n'est que dans l'imagination. C'était une fumée,
une vapeur, une bulle de savon qui s'est bien vite évanouie. Voilà l'amour
humain, le motif et la cause de tous les maux de la terre, et ce qu'il y a de
plus opposé au règne de Dieu.
Il faut que l'amour pur réagisse; il faut que le prêtre, que le religieux
soit chaste et pur; c'est la condition essentielle de l'existence de l'un et
de l'autre. Le prêtre, quand il s'oublie, quand il perd la chasteté n'est
plus un prêtre, le religieux n'est plus religieux. Ils ont chargé leurs épaules
d'un fardeau insupportable: ce n'est plus la vie, c'est la mort. J'entends
bien: vous parlez! Il semble, comme dit l'Apocalypse, que vous viviez: vous êtes
morts! (Ap 3:1) Mort, descends au tombeau!
Mais d'un autre coté, voici l'amour de Dieu, amour vrai, amour que Dieu nous
a mis au cœur pour lui, pour ceux avec lesquels il veut que nous vivions, que
nous devons aimer véritablement, justement, équitablement. Ce sentiment ne
vient pas de la nature. Il a son fondement dans la grâce de Dieu; c'est une
partie féconde de l'amour divin. Toutes les fois que nous aimons réellement,
que notre affection est dans les termes de la charité, c'est notre cœur qui
va vers Dieu, vers son centre.
C'est là le sens profond que notre saint Fondateur donne au vœu de chasteté.
Lisez dans les pages qu'il a écrites ce qu'il dit du vœu de chasteté. La
chasteté, c'est l’amour, c'est l'ordre dans l'amour: le cœur est fait pour
aimer. C'est la fleur du champ de notre cœur. Le Sauveur peut se promener
dans ce champ, il peut s'établir, y trouver ses délices; en Lui tout est
vrai, tout est pur. Il n'y a pas d'obstacles à sa marche, pas de barreaux qui
l’arrêtent, “il épie par le treillis” (Ct 3:9), son regard s’étend;
et Lui il va, il marche, il règne, rien ne l'arrête. Notre saint Fondateur
dit que le vœu de chasteté est une obligation d'amour. Voyez comme diffèrent
l'amour de Dieu et l'amour humain. Si vous avez l'amour de Dieu dans le cœur
non par le sentiment ou par l'émotion, mais foncièrement et sincèrement,
vous dominez vos passions, vous régnez sur vous-mêmes. Si vous êtes sortis
de la bonne voie, et que l'amour de vous-même, que vos passions, vos
inclinations dominent, l'amour de Dieu descend et disparaît de votre cœur.
Ce sont les deux plateaux de la balance; si l'un s'élève un peu, l'autre
baisse d'autant. Si vous chargez 1'un, l’autre monte. L'échelle est en
proportion exacte. Si vous aimez Dieu beaucoup, votre chasteté sera grande;
si vous n'êtes pas chastes, vous ne l'aimerez guère.
“Apprêtez-vous pour l'Epoux céleste”: Voilà toute la Règle que nous
donne notre saint Fondateur pour l'observance de la chasteté. Il ne nous
donne pas des règles matérielles; il ne rappelle pas que nous avons à nous
défendre contre les mauvaises pensées, les mauvaises actions, les choses
contraires à la loi de Dieu. Ce n'est pas de cette façon qu'il procède, et
qu'il prend son sujet. Il envisage le vœu comme un acte, comme une suite
d'actes d'amour de Dieu; et pour observer la chasteté, il veut que l'âme
recherche et aime Dieu de tout son cœur.
En étudiant la vie de la Mère Marie de Sales, je trouve dans tous les
documents que j'ai entre les mains, lettres, dépositions, aussi bien que dans
le rappel de mes souvenirs, le témoignage constant de cette chaste fidélité
à Dieu. Petite enfant, son âme allait au Sauveur. Une seule chose dès lors
peut lui faire de la peine, c’est de remarquer qu'elle ait manqué d'amour
à Dieu, qu'elle ait faibli en quelque chose de ce que Dieu demandait d'elle.
Toute sa vie n'a été qu’un long acte d'amour de Dieu. La chasteté avait
tourné son cœur tout entier de ce côté.
Au jour de sa profession, elle avait bien des choses à demander au Sauveur.
Elle n’en demanda qu’une seule: que le Sauveur ne permît pas que jamais
personne s’attachât à elle d'une manière naturelle, tant elle avait peur
d'admettre dans son cœur un amour autre que celui qu'elle avait voué. Une
telle demande témoigne d'une sainteté rare. Il fallait avoir une âme pure
pour n'avoir pas autre chose à demander sous le drap mortuaire !
A ce point de vue, la sainte chasteté nous fera éviter avec une particulière
attention les pensées, les regards, les actions dangereuses. Soyons vigilants,
ne laissons pas, sous quelque prétexte que ce soit, le mal, le trouble ou
l'inquiétude s’approcher de nous. Ayons une grande retenue, une grande
modestie. Fermons au péché la porte de nos oreilles et de nos yeux, de notre
cœur surtout. Appelons Jésus, Marie, Joseph; prononçons ces noms sacrés
des lèvres, disons-les surtout du cœur. La tentation mûrit l'homme, dit la
Sagesse; il n'est entièrement pur que quand il a passé par le feu. C'est un
encens d'une délicieuse odeur qui monte vers le Seigneur. Oui, ne nous
trompons pas, la lutte a son bon côté, son côté nécessaire. Les anges
regardent le combat, tenant notre couronne en leurs mains, et la plus belle
est pour celui qui a lutté avec plus d'ardeur et d'amour contre l'ennemi.
Envisagées sous ce point de vue, les tentations ne sont donc pas redoutables.
Elles rendent service à ceux qui doivent travailler à l’œuvre du Seigneur.
Elles leur apprennent ce que sont le combat et la souffrance. Elles leur
enseignent combien il faut être compatissant à ceux qui soutiennent ces épreuves.
Donc, la tentation n'affaiblit pas la vertu. La souffrance, l'épreuve ne
viennent pas de la corruption; mais elles s'allient parfaitement avec l'intégrité
de l’âme et la tiennent dans l’humilité. Saint Paul n'avait-il pas senti
en lui les aiguillons de la chair, et ne fut-il pas, à cause de cela, élevé
au troisième ciel? Il ne sait pas, dit-il, s'il a été ravi avec son corps
ou sans son corps. Oh, grand saint Paul, moi je l'affirme, c’est avec votre
corps. Si vous n'aviez pas été tenté dans votre corps, votre corps serait
resté sur la terre sans doute, mais il avait éprouvé la tentation, et
c’est pour le récompenser qu'il avait été ravi là, devant Dieu. Ce sont
vos yeux, ce sont vos oreilles qui ont perçu ce que nul homme n'avait admiré
jusqu’alors; c'est votre corps qui était là parce que vous aviez lutté
dans votre corps. Grand saint, c'est vraiment votre corps qui a été
transporté au ciel!
Donc, mes Amis, vous voyez que les tentations ne nous éloignent pas de Dieu;
elles nous en rapprochent au contraire. Elles donnent à votre âme de
nouveaux attraits pour celui qui vous aime; et chaque tentation vous donne
l'occasion de lui témoigner votre amour et votre foi. Le meilleur remède
dans la tentation, c'est la prière, l'invocation de Jésus et de Marie.
Rappelons-nous ce que nous disait la Mère Marie de Sales, que Dieu est fidèle
à l'âme constante. L'Oblat de saint François de Sales doit être d'une
chasteté spéciale. Serions-nous Oblats, si nous nous comportions simplement
comme les bons chrétiens, irréprochables dans nos mœurs, ou même, comme
certains religieux, adonnés à une vie très mortifiée? Ce n'est pas notre
vocation; elle a un cachet particulier. C'est une vocation d'amour pour
Notre-Seigneur, d'amour d'intimité qui nous unit de telle sorte que nous ne
devrions jamais nous séparer de Lui. Il est là toujours, nous sommes
toujours ensemble, nous travaillons ensemble, nous parlons ensemble, nous
faisons toutes choses ensemble. Ce que la Règle nous ordonne, nos rapports
avec le prochain, nos emplois, notre ministère, tout cela est fait pour lui
et avec lui. Voilà notre vie, voilà notre cachet. Notre vœu de chasteté,
voilà ce qu'il est pour nous.
“Mais, me direz-vous, je n'ai rien pour Notre-Seigneur, je ne me sens pas
porté vers lui. Je n'ai pas pour lui de sentiment, d'affection sensible”.
Ce n'est pas cela non plus que notre Sauveur demande. Est-ce que saint Pierre
n'aimait pas Notre-Seigneur ? A la Cène pourtant il ne se pencha pas comme
saint Jean sur la poitrine du Sauveur. Il l'aimait avec sa foi, avec son dévouement.
Quand les Apôtres sont dans la barque, aussitôt que Pierre reconnaît
Notre-Seigneur, il n'y tient plus; son amour est si fort qu'il se précipite
et marche sur les flots. Saint Jean, lui, reste dans la barque: Pierre oublie
qu'il y a de l’eau, de l’eau profonde qui passerait dix fois au-dessus de
sa tête, il n’a pas peur d'être englouti. L'amour se passe dans l'âme; il
n'a souvent aucune manifestation extérieure. L'amour n'est pas seulement un
sentiment, un mouvement du cœur, c'est encore un acte de la volonté. Voilà
ce qu'est la chasteté pour nous, le but que nous devons atteindre.
Comment entretient-on la chasteté? En vivant dans la proximité de Dieu: “Ce
que nous avons vu de nos yeux ... ce que nos mains ont touché du Verbe de
vie” (1 Jn 1:1). Voilà l'amour. Tous ces textes ont trait au Sauveur Jésus;
ils nous montrent l'union intime, la proximité, le mariage spirituel qui doit
unir notre âme à celle du Sauveur Jésus. Qu'est-ce qui fait le lien si
intime du mariage? C'est l'union de deux cœurs qui ne font plus qu’un cœur,
qui ne sont plus ensemble qu'un seul être. Je voudrais bien vous faire
comprendre cela, vous redire ce que j'ai entendu mille fois de la bouche de la
Mère Marie de Sales, ce dont j'ai été le témoin si longtemps. Elle ne
disait rien, ne faisait rien sans le Sauveur. Il lui était toujours présent;
elle le consultait partout, n'entreprenait rien sans Lui. Voilà le vœu de
chasteté. Voilà le vœu qui nous lie le plus à Notre-Seigneur.
Que Jésus, reçu dans le sacrement de son amour, que Jésus, visité dans la
demeure de son tabernacle, vienne dans nos âmes, qu'il nous fasse comprendre
ces choses. Nous ne serons pas seuls pour travailler et souffrir. Non. Sauveur
Jésus, vous êtes avec nous, et nous sommes bien encouragés par votre présence.
Sur cette terre qui est un lieu de passage, sur cette terre où tout change et
tout varie, où nous roulons incessamment avec toutes les choses qui nous
entourent, qui se modifient, faites que nous ne changions pas, que votre venue
en nous supplée à tout, établissez à jamais en nous votre demeure.
“Reste avec nous, Seigneur” (Lc 24:29). O chère chasteté du Sauveur Jésus,
demeurez dans notre chair et dans notre cœur! Sauveur des âmes, toute notre
espérance est en vous, nous ne pouvons pas être sans vous, nous ne pouvons
pas vivre loin de vous! Faites-moi la grâce, Sauveur Jésus, de marcher sur
les traces de votre Sainte Mère, sur celles de notre bonne Mère Marie de
Sales, notre maîtresse en la science divine, et notre protectrice dans le
ciel. Ainsi soit-il.
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