Chapitres pour les Oblats 1873-1899

      

L’assistant général et l’économe général

Chapitre du 2 juin 1897

“L'Assistant tient la place du Supérieur, lorsque le Supérieur est empêché ou absent. Il sera à la disposition du Supérieur pour s’occuper, sous sa direction, des affaires que celui-ci jugera à propos de confier à ses soins” (Const., Art. X:1-2).

L'assistant général ne peut agir sans avoir au préalable pris l'avis du supérieur. Il est seulement l'aide du supérieur général. Il ne peut pas agir en son nom; et cela d'autant plus que c'est le supérieur lui‑même qui le choisit, qui lui dicte mot pour mot, jour par jour, ce qu'il a à faire. Il est bien certain que le supérieur général ayant bien confiance en son assistant, peut lui laisser le soin de plusieurs affaires, mais par lui‑même l'assistant n'a aucun droit. Le supérieur général peut confier les affaires du dehors à l'assistant, afin qu'il ait lui‑même plus de temps à donner aux affaires du dedans.

“Il tiendra le Supérieur au courant de toutes les affaires dont il a la charge, et il ne décidera aucune question de quelque importance sans l’agrément formel du Supérieur” (Const., Art. X:5; p. 42).

Le supérieur général peut confier à son assistant une partie de sa charge, mais la Constitution ne donne à l'assistant, somme toute, que ce que le supérieur veut bien lui donner.

“L'Econome Général aura soin de tous les biens de la Congrégation, et communiquera de temps à autre avec le Supérieur général de toutes les nécessités de l’Institut, pour prendre ses ordres et ses instructions” (Const., Art. XI:1; p. 42).

L'économe général ne peut rien décider par lui‑même; c'est au supérieur général qu'incombe toute la  responsabilité. Il veille à la conservation des biens de la Congrégation, mais il n'a pas de pouvoir personnel sur eux.

“Il surveillera les dépenses générales des maisons, les constructions, les réparations, etc.” (Const., Art. XI:2; p. 42).

Il a la charge de veiller à ce que les constructions et réparations faites sous la direction des économes locaux ne coûtent pas plus que de droit. Il est chargé de surveiller les dépenses des communautés, et d'aviser aux moyens à prendre pour conserver les biens de l'Institut. Il doit donner ses avis aux économes particuliers, qui doivent l'écouter.

“Il tiendra l'inventaire général des biens que possède la Congrégation. Les inventaires doivent être renouvelés chaque année” (Const., Art. XI:4; p. 43).

Que l'économe général se conforme bien à ce point de la Constitution. Il faut qu'à tout instant le supérieur général puisse lui demander où il en est, et cela avec la plus grande exactitude, surtout quand il s'agit de créances douteuses, de débiteurs insolvables.

“Il se souviendra qu'il doit exercer sa charge en vrai religieux, soumis au Supérieur, à qui il doit obéir pour les choses de son emploi, en toute humilité, déférence et cordialité, prenant un soin extrême de ne pas gouverner le matériel de la Congrégation en homme de monde” (Const., Art. XI:6; p. 43-44).

La note qui domine en toutes ces recommandations des Constitutions, vous le voyez, c'est la note religieuse. L'économe doit regarder les biens dont il a la gérance comme appartenant à Dieu, comme des choses sacrées, par conséquent, méritant toute l'attention et le respect de ceux qui s'en occupent. Il doit donc traiter toutes ces choses en toute humilité, avec un entier détachement de tout intérêt et de tout amour‑propre particulier. Le sens de la Constitution est que nous fassions toutes choses pour nous unir à Dieu. Cette recommandation que saint François de Sales a placée au début du Directoire, ne comprend pas seulement chacune de nos actions journalières, mais elle doit trouver son emploi dans tous nos travaux , dans tout ce que nous entreprenons pour la gloire de Dieu. Il y a là un véritable principe théologique, posé par saint François de Sales et par la bonne Mère. A la Visitation, pendant 40 ans, j'ai été le témoin de vies fondées et se développant sur ce principe. J'ai vu et compris le sens divin qu'on pouvait attacher aux choses matérielles. Certes, ce n'est pas avec mon imagination et ma fantaisie que j'ai vu cela. Je voyais donc toutes ces choses matérielles arrangées dans ce principe et apportant avec elles des grâces incessantes.

La Règle bénit et consacre toutes les choses qui lui sont soumises et qu'elle atteint. Il y a donc une grâce particulière à recevoir ce qu'on nous donne pour notre nourriture, notre vêtement, notre emploi. De même que le pain, l'eau ne sont bénits que quand le prêtre a récité sur eux les formules de la bénédiction, de même aussi le religieux ne profite spirituellement des choses matérielles mises à son usage qu'autant qu'il se conforme à la Règle, à l'obéissance donnée. Sainte Thérèse disait que quand elle avait une bonne économe et une bonne cuisinière, la maison marchait bien. On demandait un jour à un abbé de Clairvaux comment il avait pu conserver ses religieux bons et fervents jusqu'à la tourmente révolutionnaire: J'avais deux choses inappréciables, répondit‑il: un bon maître des novices et un bon cuisinier.

Comprenons cela, mes amis, et soyons quelque chose. Mettons‑nous à notre Règle avec la plus grande fidélité. Encore une fois, ce que j'ai vu à la Visitation était un vrai paradis. Toutes les âmes travaillaient certainement et uniquement pour le bon Dieu. Entrons bien dans ces idées. Que celui qui viendra après moi soit meilleur que moi. Jusqu'à présent, je l'avoue, je ne me suis guère conduit en supérieur, mais j'espère qu'à la fin de mes jours je changerai. Je n'ai pas été assez sévère, je n'ai pas fait observer les constitutions comme il aurait fallu. J'ai pensé que ce ne serait peut‑être pas à propos et qu'il valait mieux attendre, puisque, somme toute,  nos Constitutions n'étaient encore qu'à l'essai. Quand nous les aurons reçues, approuvées définitivement, il faudra nous mettre à les observer toutes bien exactement.