Chapitres pour les Oblats 1873-1899

      

De la préparation à l’apostolat

Chapitre du noviciat 22 mai 1896

Dans le dernier chapitre, j'ai recommandé à nos Pères la lecture du petit Directoire pour les personnes du monde, qui a été publié par les Visitandines de Riom et que nous avons donné aux membres de l'Association de saint François de Sales. Nous avons en effet commencé à Paris l'Association de saint François de Sales, qui est comme notre Tiers-Ordre. Notre Institut ne peut pas, je crois, avoir de Tiers-Ordre en règle, parce qu'il est une congrégation, il n'est pas un ordre religieux proprement dit et à vœux solennels. Il n'y a que les anciens ordres qui peuvent avoir les trois catégories:

1 - Ordre pour les religieux;
2 - Ordre pour les religieuses;
3 - Ordre ou Tiers-Ordre pour les séculiers.

C'est le cardinal de Paris lui‑même qui a trouvé ce nom d'Association de saint François de Sales. Le P. de Mayerhoffen était allé le trouver pour lui demander d'approuver son projet d'instituer une confrérie de personnes du monde se rattachant à notre Congrégation: “Cela est bien”, répondit‑il, “c'est une bonne idée. Il faut appeler cela l'Association de saint François de Sales. Le nom est libre et vous pouvez le prendre, puisque l'ancienne Association de saint François de Sales, fondée par Mgr de Ségur, a changé de nom et s'appelle maintenant Œuvre de saint François de Sales”. C'est une œuvre bien connue de tout le monde, œuvre de la Propagation de la Foi à l'intérieur.

Le P. de Mayerhoffen a commencé avec les dames et demoiselles, en attendant qu'on puisse grouper aussi les hommes. Il y a chaque mois une réunion bien pieuse et bien nombreuse aussi. Cela ressemble un peu aux exercices du noviciat. On ne dit pas les coulpes —  il serait bon peut‑être qu'on se mît à le faire. Le Père qui préside la réunion explique un des chapitres de ce petit livre du Directoire que vous avez entre les mains. Je pense que vous l'avez et qu'on vous l'a donné, n'est‑ce pas? J'insiste là‑dessus, mes enfants, parce que le religieux, parce que 1'Oblat n'a pas seulement à se sanctifier personnellement, mais il faut encore qu'il sanctifie les autres. Et de même que pour devenir bien instruit, bien savant, il n'y a pas de moyen meilleur que de professer, de même aussi pour se bien sanctifier, il faut travailler à sanctifier les autres, il faut travailler au salut des âmes, et cela dès maintenant.

C'est cette pensée du salut des âmes qui vous excitera à vous pénétrer de la doctrine de saint François de Sales et fera que vous recevrez la lumière sur bien des points de son enseignement. Vous goûterez notre saint fondateur, vous vous attacherez à ce qu'il a dit. Vous le comprendrez mieux en essayant de l'appliquer à ce qu’il a dit. Vous le comprendrez mieux en essayant de l'appliquer aux autres. Après l'avoir appliqué aux autres, vous vous l'appliquerez mieux à vous‑mêmes. Notre sanctification à nous ne dépend pas seulement de nos actes particuliers. Elle dépend aussi grandement de ce que nous faisons au prochain.

Mes enfants, vous vous pénétrerez donc bien de ce petit livre. Vous l'étudierez pour voir dès maintenant ce que vous pouvez en tirer pour le donner aux autres. Il faut vous figurer que vous êtes déjà en présence des âmes que Dieu vous confiera un jour. Vous aurez sur votre chemin des personnes du monde, hommes et femmes; vous aurez des prêtres. Déjà notre Directoire du Prêtre est presque entièrement fini, l'impression en est presque terminée. C'est notre Directoire à nous, mais un peu plus court, et puis il y a certaines petites modifications qui s'imposaient. Nos prêtres associés, comme les personnes du monde associées, doivent, par l'usage du Directoire, entrer dans la dépendance de cet esprit qui leur fera pratiquer les vertus recommandées spécialement par saint François de Sales. Et c'est nous, mes enfants, qui devons leur faire comprendre et pratiquer le Directoire. Voilà pourquoi il faut que nous nous figurions que nous sommes dès maintenant en présence de ces âmes. Nous serons dans le saint ministère un jour, bientôt. Nous aurons des âmes à grouper, à conduire; nous aurons à présider ces réunions, à faire de petites congrégations. Nous aurons alors en main les moyens de réussir, si dès maintenant nous avons à cœur de méditer, de pénétrer les pensées, les affections qu'il faudra alors suggérer aux âmes, si nous demandons dès maintenant les paroles qu'il faudra dire et qui seront convenables pour faire comprendre à ces âmes ce que nous demandons d'elles et ce que le bon Dieu veut faire avec elles.

Un menuisier qui a son manuel pratique du menuisier et qui le lit assidûment — car il y a des manuels pratiques et très bien faits pour tous les états et toutes les professions: menuisiers, forgerons, constructeur  — eh bien! un menuisier qui lirait son manuel du matin jusqu'au soir, n'en saurait pas bien long. Il faut qu'il s'exerce à mettre en pratique ce qu'il a trouvé dans son livre. Il faut qu'il prenne le rabot en mains et qu'il s'essaie à le conduire conformément aux leçons de son manuel, et s'efforçant de les appliquer le mieux possible. C'est ainsi qu'il deviendra à la longue un bon menuisier.

Chez nous, c'est la même chose. Il faut étudier soigneusement la règle de la conduite intérieure. Mais il faut, en l'étudiant, essayer de la faire passer de nos oraisons et réflexions dans nos affections et dans nos actions journalières. Rappelons‑nous que les Oblats doivent être à la fois des hommes de prière et des hommes d'action. Il ne faut pas négliger l'un pour développer l'autre. Etant des hommes unis à Dieu, notre sanctification, notre vertu personnelle contribuera à la sanctification des autres. N'est-il pas marqué au commencement du Directoire que nous devons aider la sainte Eglise “par prières et bons exemples”, par nos  travaux, et que notre sainteté, l'odeur de nos vertus, “en agréant à Dieu”, doivent se répandre “dans le cœur des fidèles”? (Dir. Art. I; p. 9).

Il faut que nous nous placions souvent à ce point de vue. Quand on pense depuis longtemps à un état de vie qu'on veut embrasser, quand on s'en occupe et qu'on s'y prépare depuis longtemps, on le fait avec plus de goût, avec plus de facilité, et aussi avec plus de fruits. Je vous recommande bien l'étude de ce petit livre du Directoire des personnes du monde. Je l'ai parcouru encore aujourd'hui: il est vraiment bien fait. On a là toute la substance de la doctrine de saint François de Sales pour la conduite des âmes. C'est précieux, mes amis, parce qu'on peut mettre ce petit livre entre toutes les mains. Mais quand ce livre sera entre toutes les mains, cela ne suffit pas. Un outil aussi peut être entre toutes les mains: il faut savoir s'en servir. Voilà un rabot. Tout le monde pourra avoir un rabot, un ciseau. Mais avec un rabot, un ciseau, tout le monde ne saura pas faire la même besogne. Il y en a qui ne sauront rien faire du tout; d'autres ne feront pas grand chose; un autre fera bien; un autre fera parfaitement; et tout cela sera avec le même outil. Pour bien manœuvrer l'outil, le bon ouvrier s'est essayé soigneusement et longtemps. Il a pratiqué le métier. Faites cela, mes amis.

Je me vois encore quand j'étais en classe de théologie. C'était cette pensée de l'apostolat à venir qui dominait tout mon travail. Voilà un traité. Quel profit en pourrai-je tirer plus tard? À  quoi pourra‑t‑il me servir ? Je me disais: “Cela me servira pour faire le catéchisme. Cette autre chose me servira pour la prédication. Il y a là une idée neuve et frappante. Voilà une remarque qui me sera utile pour la direction des hommes. Cette idée philosophique sera bonne à noter: cela me servira à comprendre tel ou tel fait d'histoire, telle ou telle doctrine, à discerner telle ou telle erreur”. L'enseignement ainsi reçu devient tout à fait intéressant et pratique. Et quand vous entrerez dans le ministère, vous serez munis de tout ce qu'il vous faut.

Comprenez‑moi bien, mes amis. Je dis toujours cela à propos du petit livre en question. C'est ce qui fait que le prêtre, le religieux, en entrant dans leur carrière, en commençant leur ministère, font tout de suite quelque chose de bien. Ils ne se trompent pas. Ils marchent comme il faut, ils ont fait un bon apprentissage. Si leur apprentissage avait été manqué, s'ils avaient mal commencé, ils auraient couru le risque de prendre et de garder des idées, des habitudes, des manières d'être et de faire défectueuses et fâcheuses pour toute leur vie. Préparez‑vous dès maintenant à votre ministère futur. Réfléchissez à l'avance, jetez déjà vos plans, pensez à ce que vous aurez à dire dans les réunions d'hommes, d'enfants, de jeunes gens. Et si vous tâchez de vous pénétrer des leçons de ce petit Directoire, vous commencerez bien et vous continuerez bien.

Comprenez par là, mes amis, le sens qu'il faut donner à toutes vos études. Pénétrez‑vous de cette doctrine de saint François de Sales. Pénétrez‑vous bien des paroles qu'il a dites, des conseils qu'il a donnés, des avis avec lesquels il a converti les âmes. En un mot, il faut commencer dès maintenant vos études pratiques d'apostolat, il faut vous mettre dès maintenant en face de la besogne que vous aurez à faire un jour, et il faut vous y préparer, et il faut recueillir pour ce temps. Recueillez, ramassez à droite et à gauche tout ce que vous trouverez de bon dans vos lectures, dans vos études, dans vos prières, dans vos oraisons.

On a compris maintenant dans les grands séminaires le besoin de cette formation en vue de l'avenir. On donne aux futurs prêtres des notions sur les œuvres de zèle et d'apostolat, sur ce qu'on peut essayer d'entreprendre dans une paroisse, avec les différentes catégories d'âmes qui la composent. Autrefois on s'occupait trop peu de toutes ces choses: c'était une lacune. On n'en parlait guère que les trois derniers mois avant l'ordination sacerdotale. C'était insuffisant, et cela passait comme une leçon ordinaire. On a établi maintenant sérieusement cet enseignement qu'on pourrait appeler l'enseignement professionnel du prêtre. Cela devient comme une deuxième éducation qui reste et qui plus tard produira des fruits. Quand on a vécu dans cette atmosphère de zèle et d'apostolat plusieurs années, cela donne une grande facilité pour le moment où l'on se trouve en contact avec les âmes.

Quand on n'a pas eu cette éducation spéciale, on reste en face de sa théologie, de ses livres et aussi de son inexpérience. Si l'on se tient bien humble, c'est bien sans doute: le bon Dieu donnera des lumières. Mais combien est plus richement muni celui qui, restant lui aussi bien humble, a déjà à part lui des idées bien formées et justes, celui qui a déjà amassé un fonds de doctrine, d'expérience faite avec la science des autres. Il n'est pas obligé d'aller chercher ailleurs. Il a déjà en lui tout ce qu'il lui faut. Mes enfants, travaillez et amassez pour votre vie d'Oblats plus tard. Recueillez tous les jours et sans cesse. Croissez tous les jours en vie, en lumière, en bon jugement, afin d'être à la hauteur de la tâche que Dieu vous confiera. Et alors vous ne serez pas de simples étudiants, de simples séminaristes, je dirai même de simples novices, parce qu'ainsi vous ne ferez pas seulement pour vous votre noviciat, mais vous le ferez encore pour le bien des âmes qui viendront à vous et que Dieu vous enverra. Travaillez dès maintenant, priez pour ces âmes. Vous verrez quel ascendant surnaturel, quelle puissance cela vous donnera; ces âmes sentiront, par un instinct divin, la prière que vous aurez faite pour elles; le bon Dieu leur donnera la docilité et il leur donnera l'intelligence.

Je regarde parfois, pour me délasser, la liste de mes condisciples au séminaire. Tous les élèves de ma classe, hormis un seul, sont devenus prêtres. Il y en a seulement deux ou trois qui n'ont pas bien réussi. Dans 1a classe au‑dessous de la nôtre, il n'y a eu que quatre prêtres. Et pourtant le séminaire était nombreux à cette époque. Eh bien, je vois maintenant dans mon souvenir mes condisciples d'alors. Il y en avait qui écrivaient leurs pensées intimes et qui me les montraient. L'un écrivait: “Je serai prêtre, et dès maintenant je dois prier pour les âmes que Dieu me donnera”.  D'autres écrivaient d'autres paroles bien touchantes dans le même genre. Ils avaient, dès ce temps‑là, la sollicitude des âmes. Ils voulaient se bien préparer pour l'avenir. Ces prêtres, mes amis, sont arrivés à faire un très grand bien, très grand.

Il y a un de mes condisciples qui est curé dans une petite paroisse depuis 35 ans. Vingt ou trente fois déjà l'évêché lui a demandé s'il voulait être remplacé. “Monseigneur, a‑t‑il toujours répondu, je vous en prie, laissez‑moi où je suis. Je ne suis qu'un pauvre petit curé de campagne et j'ai tout ce qu'il me faut”. J'ai assisté, il y a quelques années aux noces d'or de sa prêtrise. Rien n'était joli comme cela. Toute la paroisse était en fête: hommes, femmes, garçons, jeunes filles, et cela a duré toute la journée. On a terminé par le salut du saint sacrement vers 5 heures. Puis M. le Curé a pris la parole: toute la paroisse était là pour l'écouter. “Mes enfants”, a‑t‑il dit, “maintenant que nous avons passé la journée à prier et à remercier le bon Dieu, comme c'était notre devoir de le faire, il faut employer le reste de la journée à nous reposer et à nous amuser un peu. Je vous recommande seulement de bien faire attention à ne pas dépasser les bornes de la sobriété”. Tout le monde se mit à rire, et tout le monde s'en alla content sur ce mot paternel et pratique.

Je me souviens encore du petit cahier d'un élève de quatrième, où il y avait: “O mon Dieu, les âmes que vous me donnerez, faites que je sois digne de les conduire à vous. Que votre grâce me rende digne de cet honneur”. C'était un des meilleurs élèves, il remportait toujours les premiers prix, le prix d'honneur. Au grand séminaire, il devint un des meilleurs élèves de théologie. Songez, vous aussi, mes amis, à ces âmes que Dieu vous enverra. Chargez‑vous‑en dès maintenant, en union avec le Sauveur. Travaillez et priez pour elles. Faites cela, et vous m'en donnerez des nouvelles... en paradis! Priez. Etudiez les moyens qu'on vous met entre les mains. Vous tirerez, je vous le répète encore, un grand profit de ce petit livre que je vous ai recommandé. Avec cela vous deviendrez de bons prêtres. Alors on verra un petit Oblat, qui n'aura pas l'air d'un grand savant, qui n'aura rien d'extraordinaire. Il se trouvera un jour dans une réunion de prêtres, à un pèlerinage, à une fête. On le priera de dire un petit mot à l'église, aux fidèles. Et il s'en tirera bien. Et voilà que les théologiens, les prêtres savants se mettront à dire: “Tiens, tiens! C'est vraiment joli ce qu'il dit là. C'est beau. C'est ce qu'il faut. Nous n'avions pas encore entendu dire des choses comme cela”.

Est‑ce que je ne suis pas trop long, P. Séguin? Non? P. Séguin, nous allons bien prier pour vous, pour que le bon Dieu vous donne la santé, pour qu'il comble bien tous vos désirs. Nous prierons saint Benoit J. Labre. On raconte qu'il apparut à Pie IX, environné d'une gloire incomparable. “Qu'est‑ce qui vous a procuré cette grâce si grande?” lui demanda le Pape. Le saint répondit: “C'est que, quand j'allais mendier et que je rencontrais de petits enfants, je leur faisais faire le signe de la croix et prononcer les saints noms de Jésus et de Marie avec un grand respect. Et voilà que le bon Dieu m'en a récompensé en me donnant toute cette gloire”.

La sainteté consiste en des choses qui passent bien inaperçues des hommes. C'est le genre de sainteté qu'il nous faut. Le devoir du moment présent, voilà précisément notre genre de sainteté. Il faut faire parfaitement avec tout notre cœur, avec toute notre âme, toutes les besognes du saint ministère que Dieu nous donnera, et il faut dès maintenant nous y préparer de tout notre cœur. Que celui qui aime bien la prière, que celui qui aime bien la sainte communion, l'oraison, fasse cela de tout son cœur en vue de la besogne et des âmes que Dieu lui donnera un jour. Que celui qui a du goût et de la facilité pour travailler, pour étudier, que celui qui se sent des dispositions pour la parole, travaillent dans ce sens, en vue de leur besogne future et des âmes qu'ils auront à sauver. Nous retrouverons, mes amis, ce que nous aurons ainsi semé, et les âmes à qui vous aurez affaire, prévenues par la grâce divine, seront heureuses de vous entendre, heureuses de vous obéir.

Mes amis, la bonne Mère Marie de Sales vous aime bien. Elle vous donnera les moyens de bien faire ce que nous venons de dire. C'était une grande théologienne que la bonne Mère. Ses Pensées sont sublimes. Le bon Dieu lui a donné une clarté et une profondeur d'idées incomparable. Des hommes de grand talent ont su l'apprécier: le Cardinal Mermillod, le P. Tissot, le supérieur des Missionnaires de saint François de Sales d'Annecy, dont la carrière a été malheureusement trop courte. J'ai plus d'une fois entendu dire à de savants théologiens: “Il y a là, dans la Mère Marie de Sales, tout Saint Thomas. Sa parole ne bronche pas, elle ne va jamais à côté, elle tombe toujours juste”. Evidemment c'est un grand don de Dieu. Et voyez, mes amis, la bonne Mère me disait à moi que ce don persisterait après elle, qu'il lui avait été donné pour les Oblats, pour que les Oblats vivent et travaillent dans cet esprit. Préparons‑nous bien, et ce don, nous le recevrons.

Ce que je vous dis là, mes amis, c'est la semence que je jette dans vos âmes. À vous de la faire germer et de la faire croître. Il n'y a pas à regarder à droite ou à gauche pour voir ce que celui‑ci fait, ou ce que celui‑là pense. Remarquez bien que, dans la doctrine de saint François de Sales, rien n'est fondé sur l'exemple donné par les autres, rien du tout. C'est que l'exemple par lui‑même n'est rien. L'exemple à suivre ne doit pas être le motif de notre détermination. Ce principe doit être uniquement la volonté de Dieu. Regardez‑vous dans la volonté de Dieu. La volonté de Dieu est comme un miroir devant lequel chacun se présente et se voit tel que le bon Dieu veut qu'il soit, tel qu'il existe dans la pensée et l'ordonnance divines. On se regarde soi‑même pour se rendre compte si la pensée, la volonté, l'action sont justes, et comme Dieu veut. Mais on ne regarde pas son voisin, pour voir s'il est vieux, s'il est jeune, s'il a une mauvaise figure ou s'il en a une bonne. Nous ne nous occupons pas de cela. Cela ne nous regarde pas. La question, c'est de nous trouver nous-mêmes en Dieu et en Jésus-Christ. C'est de voir la différence qui existe entre le type, le modèle divin et la réalisation actuelle terrestre.

Tout le monde me comprend‑il bien? N'agissons pas d'après ce que dit ou fait celui‑ci ou celui‑là, “selon l’exemple” - [“secundum exemplum”]. C'est enchaîner sa liberté et d'une façon humiliante. Dégagez‑vous de ces liens emprisonnants. Vous n'avez pas à rendre compte à celui-ci ou à celui‑là. C'est à Dieu seul à qui vous devez rendre compte. Vous devez agir comme Dieu veut que vous agissiez. Le modèle, c'est Jésus-Christ, et non tel ou tel homme. Il n'y a pas à chercher ailleurs.

Je viendrai vous voir de temps en temps, mes enfants. Je viendrai voir si vous entrez bien dans cette voie. Suivez‑la et vous serez de bons Oblats de saint François de Sales. Mais il faut recommencer chaque matin: c'était la maxime de saint François de Sales. Vous avez été fidèles dans le passé? C'est bien, mais il faut recommencer aujourd'hui, et demain, et sans cesse. Il faut sans cesse chercher et faire la volonté de Dieu.