Chapitres pour les Oblats 1873-1899

      

La récréation

Chapitre du 27 juin 1888

“Les Frères allant au lieu de la récréation, demanderont à Notre-Seigneur la grâce de n’y rien dire ni faire qui ne soit à sa gloire” (Dir. Art. IX; p. 72-73).

Avant de se rendre au lieu de la récréation, l’Oblat de saint François de Sales donc dresser son intention, demander à Dieu la grâce de bien passer ce temps de délassement et voir un peu les fautes dans lesquelles il tombe aisément. L'un manquera souvent à la charité: avant de faire la récréation, il demandera la grâce de la condescendance et s'exercera avec soin là-dessus. Tel autre est enclin à l'orgueil, il ne parle que de soi et ne trouve bien que ce que il fait: celui-là demandera à Notre-Seigneur l'humilité, l'humilité qui doit être notre vertu préférée et il s’observera soigneusement dans ses paroles à ce sujet. Vous voyez que là aussi il y a à travailler, et que préparer ses récréations est une chose importante, un gros travail, pour le religieux qui veut pratiquer le Directoire. Nous devons faire de la sorte notre direction d'intention, quand nous passons la récréation avec nos élèves et aussi quand nous la faisons avec les personnes du dehors. Là aussi nos mêmes défauts se retrouvent et nous sommes obligés de nous en corriger. Il faut veiller à cela surtout avec les personnes du monde qui attendent toujours du religieux quelques bonnes paroles d'édification.

Notre saint Fondateur dit qu'i1 faut apporter un visage ouvert aux récréations. Si donc quelqu'un d'entre nous a des peines, des ennuis, qu'il ne les laisse pas voir à ses frères; qu'il ne les laisse pas voir surtout aux personnes du dehors. Montrons-nous toujours affables et très polis. Portons grand respect à chaque personne, c'est la grande règle de charité que le respect bien entendu du prochain. Nous devons voir le prochain dans le bon Dieu et voir le bon Dieu dans le prochain, les qualités, les vertus que le bon Dieu y a mises. C'est la leçon et l'exemple de notre saint Fondateur.

Observons donc fidèlement et toujours cette grande règle du respect vis-à-vis du prochain, vis-à-vis des enfants, des jeunes filles, des hommes et des femmes du monde. C'est pour nous un grand moyen de faire les choses comme Notre-Seigneur le demande de nous. Ce respect tient tout le monde à distance. Les personnes timides sont encouragées parce qu'elles voient en nous ce sentiment profond de respect pour elles. Elles sont à l'aise avec nous, notre présence les édifie. Les personnes trop audacieuses sont arrêtées, et ce respect est comme un frein qui les arrête, comme un mur qu'elles ne franchiront pas. Entre nous aussi, gardons bien ce respect et ne nous traitons jamais avec la familiarité, le sans-gêne des élèves de collège. Respectons-nous, sans affecter toutefois une pose raide qui nous rendrait ridicule. Regardons du reste notre saint Fondateur et modelons-nous sur lui. Mais je reviendrai sur ce sujet d'ici à quelque temps, quand nous vous donnerons le Coutumier qui vous dira en détail tout ce qu'il faut faire.

Et puisque l'occasion se présente, je vous citerai un mot bien connu de M. Guizot: “L'Eglise catholique est une grande école de respect”. Ce respect, il faut que nous l'ayons en récréation et partout. Aux récréations, il faut toujours avoir quelque chose de bon à dire, par exemple rapporter quelque trait que nous aurons rencontré dans nos lectures ou qui nous aura frappé à la lecture du réfectoire. Il ne faudrait pas cependant s'ériger en pédagogue, ce serait plus que ridicule. En récréation chacun a sa liberté, personne ne prime les autres et tous nous devons contribuer pour notre part à l'intérêt de la conversation. La récréation toutefois ne doit pas être la communication des bruits du dehors; il faut éviter de dire ce que l'on a appris ou vu, quand ce ne sont pas des choses de bonne édification. Nous laissons à d'autres le soin de faire de la politique: l'Oblat de saint François de Sales ne doit pas s'occuper de cela.

Pendant la retraite nous donnerons, s'il est possible, le Coutumier qui indiquera à chaque Oblat le moyen de faire fidèlement la Règle, de façon que nous pratiquions bien le Directoire ensemble, la Règle bien fidèlement. Nous exécuterons bien exactement chacun de ses points. Et ainsi nous serons plus unis de cœur et d'esprit, et nous surmonterons plus facilement les difficultés que nous rencontrerons et nous accepterons plus volontiers les peines que le bon Dieu nous enverra.

La fin de la récréation est le moment de demander les différentes choses dont on a besoin pour son emploi.

Une vertu que je recommanderai encore dans les récréations, c'est la charité dans les paroles. Il faut éviter de parler de celui-ci ou de celui-là, surtout en mauvaise part. Si l'on a quelque chose dans le cœur contre tel ou tel, il faut garder cela et le dire à Notre-Seigneur avant d'aller au lieu de la récréation. Evitez aussi de parler des supérieurs, de la direction de la maison: ces choses ne nous regardent pas et c'est nous causer bien des ennuis que de toucher en la plus petite chose à l'autorité des supérieurs.

Suit encore le Chapitre du 27 août 1888 tenu à Foicy, à la suite du premier Chapitre Général de 1888 et qui ne contient que les décisions capitulaires que l'on retrouvera aux Chapitres Généraux.