Chapitres pour les Oblats 1873-1899

      

La direction d’intention

Chapitre du 4 janvier 1888

“Les Frères qui voudront prospérer, et faire progrès en la voie de Notre-Seigneur, doivent au commencement de toutes leurs actions, tant intérieures qu’extérieures, demander sa grâce, et offrir à sa divine bonté tout ce qu’ils feront de bien, se préparant ainsi à supporter toute la peine et mortification qui s’y rencontrera, avec paix et douceur d’esprit, comme provenante de la main paternelle de notre bon Dieu et Sauveur, duquel la très sainte intention est de les faire mériter par tels moyens, pour par après les récompenser de l’abondance de son amour” (Dir., Art. III; p. 32-33).

Chez nous la direction d'intention a pour but de rapprocher l'âme de Dieu, de l'unir au Sauveur. Pour l'Oblat de saint François, la direction d'intention est un grand moyen de sanctification, je dirais même le seul moyen. Pour bien entrer dans la voie, la direction d'intention nous est absolument nécessaire. Dans quelques Ordres religieux, la mortification et la pauvreté seront la lumière qui guidera les âmes dans le chemin où le Sauveur les veut; chez d'autres, cette lumière sera la contemplation; chez nous, je le répète, ce flambeau qui doit nous guider à travers les ténèbres, qui doit nous montrer la voie à laquelle le Sauveur nous appelle, cette lumière, c'est la direction d'intention, c'est-à-dire l'union intime de notre âme à Dieu.

L'âme qui pratique fidèlement la direction d'intention se trouve, je vous l'affirme, dans un état de grâce habituelle tout particulier; elle est comme le Sauveur la veut, et Dieu lui donne toutes ses grâces, il ne lui refuse rien; cette âme est vraiment chère entre toutes aux yeux de Dieu. Par la direction d'intention, le religieux rend tous les actes de sa vie méritoires aux yeux du Sauveur; et saint François , en faisant pratiquer cet exercice si fructueux, n'a eu d'autre but que de nous tracer le chemin de la sainteté. Traitons donc cette direction d'intention avec respect, avec amour et piété. Soyons-y fidèles, et nous correspondrons aux grâces du Sauveur.

Pratiquons-la bien dans toutes nos actions, que ces actions nous plaisent ou nous déplaisent. Du reste l'Apôtre saint Paul ne dit-il pas : “Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, et quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu” (1 Co 10:31)? Est-ce autre chose que la direction d'intention en toutes nos actions? D'accord avec la théologie, nous concluons qu'en pratiquant bien cet exercice, nous sanctifions chacun de nos actes, et notre vie toute entière qui n'est composée que de chacun de ces actes, devient un acte continuel de complaisance envers le Sauveur. Peut-il y avoir sainteté plus complète? J'ai pensé qu'il fallait constituer la Congrégation sur des bases solides; c'est pourquoi j'ai établi plusieurs Commissions, qui auront pour but de s'occuper des intérêts généraux de la Congrégation, car il n'est pas possible que le supérieur général, ni même son Conseil, se rendent compte exact de tout par eux-mêmes. Les membres de ces Commissions seront chargés d'étudier les questions qui sont de leur ressort. Le Conseil décidera en dernière analyse ce qu'il jugera convenable pour l'intérêt commun, d'après les informations qu'il recevra des Commissions.

J'ai donc établi quatre Commissions, la première est celle des vocations religieuses. Elle est composée des PP. Rollin, Seguin et Pernin. La seconde Commission s'occupera de tout ce qui a trait au Procès de Béatification de la Bonne Mère; et en général de toutes les questions qui auront trait au Saint-Siège. Les PP. Rolland, Pernin et de Mayerhoffen composeront cette Commission. J'ai encore établi une Commission des finances: les PP. Deshairs, Perrot et Lebeau, qui la composeront, s'occuperont du matériel de la Congrégation, ils veilleront aux réparations et traiteront en un mot toutes les questions d'argent. La quatrième Commission est celle des études. Elle est composée des PP. Rolland, Rollin, Latour et Poupard. Que chaque membre de ces Commissions apporte toute la bonne volonté possible et s'acquitte religieusement de sa charge, en vrai Oblat de saint François de Sales.