Chapitres pour les Oblats 1873-1899

      

La nécessité de la réforme

Chapitre du 15 juin 1887

Avant de commencer l'explication des Constitutions je veux vous parler de nos constitutions personnelles: il faut nous réformer, moi le premier. Il faut nous mettre à l'obéissance. Voilà la fatigue, voilà les chaleurs qui viennent, armons-nous de courage et mettons-nous à  la réforme. Je commence par le Petit Collège. Que chaque Père profès écrive cette semaine sa reddition de comptes et la donne au maître des novices. De même que vous vous confessez chaque semaine entièrement et humblement, faites chaque semaine par écrit votre reddition de comptes. Le maître des novices y jettera un coup d’œil et s'aidera de cela pour vous donner les avis convenables.

Je ne veux pas du tout que le Petit Collège garde l'aspect qu'il a, et qu'un ou deux malavisés mènent tous les autres dans une mauvaise voie. A Saint-Bernard, il faut que les jeunes pères fassent la même chose, qu'ils rendent compte. Ne dites pas que vous n'avez pas le temps: il ne faut pas 25 ans pour faire sa reddition de comptes. Les novices de Saint-Ouen m'écrivent bien tous les 15 jours. Que les pères de Saint-Bernard se souviennent qu'ils ont des vœux: le vœu d'obéissance, et ce vœu consiste à demander permission pour tout. Ils ont le vœu de chasteté. Qu'on ne prenne pas des airs de désinvolture, mais qu'on porte la mortification de Jésus-Christ en soi. Je ne comprends pas qu’on soit un jour sans se mortifier.

Le vœu de pauvreté: ne disposez de rien, de rien du tout, sans permission du supérieur ou de l'économe. Le religieux pauvre est un homme mort, qui ne possède pas plus qu'un cadavre. S'il a un maniement d'argent, il lui faut la permission de l'économe. Si c'est dans ses attributions, que le supérieur soit bien informé de tout.

Lisez la Vie de la bonne Mère Marie de Sales: il faut vous en pénétrer. Qu'est-ce qui fait la vie chrétienne? C'est l'Evangile. Notre évangile d’Oblat, c'est la Vie de la bonne Mère Marie de Sales. Si nous nous pénétrons bien de sa doctrine, si nous nous façonnons bien à cette manière d'agir, nous serons de vrais Oblats. Nous allons nous renouveler tous, surtout en ce moment où nous sommes criblés comme le froment. Voyez comme c’est vrai cette parole de l’Evangile: “J’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas” (Lc 22:32). Vous êtes tous ébranlés, disait Notre-Seigneur aux Apôtres, toi-même, Pierre, tu seras criblé. Judas a passé à travers le crible. Qu’est-ce que c'était, Judas? Qu'est-ce qu’il avait fait? Un peu d'avarice, de singularité, d'infidélité à la grâce, mais enfin il n'avait pas fait grand chose avant la mort de Notre-Seigneur. Ceux qui se laisseront cribler, ceux dont la foi défaillira, passeront au dehors. Après la passion, tous les Apôtres furent confirmés en grâce et en fidélité. Cela nous arrivera aussi. J'en ai déjà la marque et le témoignage depuis quelques jours, des choses qui témoignent d'une intervention fidèle de la bonne Mère. Mais la bonne Mère est une femme. C’était ma grande objection. Et je vois que les principes de la bonne Mère, appliqués aux hommes, réussissent mieux encore que pour les femmes. Un saint prêtre m'écrit: “Je cherchais ma voie de sanctification; je la trouve dans l'exposé de la doctrine de la mère Marie de Sales”. M. Flèche de Mâcon, qui est un saint homme, me disait l’autre jour: "C'est quelque chose que cette doctrine. Elle permet à toutes les âmes d'entrer dans le chemin de la perfection. Saint François de Sales commence et la bonne Mère continue. Ce n'est pas une invention sans doute, mais c'est une voie ouverte aux âmes de bonne volonté. C'est à quoi vous êtes appelés, conviés. Ce ne sont pas des enfantillages, mais ce sont des choses sérieuses. C'est à vous qu'est confié le soin de faire connaître cette voie. Il faut prier pour cela.