Chapitres pour les Oblats 1873-1899

      

Le premier “souhait”

Chapitre du 1882 (sans date précise)

“Que toute leur vie et exercice soient pour s'unir avec Dieu, pour aider par prières et par bons exemples la sainte Eglise, et le salut du prochain: et pour ce, ils ne doivent rien tant désirer que d’être tellement vertueux, que leur bonne odeur en agréant à Dieu, se répande dans les cœurs des fidèles: ce désir a fait écrire au commencement du Livre de leur Profession, ces trois souhaits” (Dir., Art. I; p. 9).

“Que toute leur vie et exercice ...”  —  Cette première phrase résume tout le Directoire. Notre vie n'a qu'un but, qu'un acte: nous unir à Dieu, faire abstraction de toutes nos facultés, moyens humains, nous anéantir nous-mêmes. Le Directoire conduit à la parfaite mortification de notre amour propre, pour y substituer celui de Dieu. Dans les autres instituts il y a des traités considérables de vertus à pratiquer: humilité, mortification et ainsi de suite, et on a recours aux moyens humains: facultés, forces du corps, pour arriver à ces vertus, et par ces vertus à l'union avec Dieu. Mais ces moyens ne sont pas à la portée de tous. saint François de Sales, lui, a résumé tout en la charité, en l’union à Dieu. Et l'Eglise appelle ce moyen "sûr et simple”. Dans les autres instituts, on va à Dieu par les vertus; nous, nous allons aux vertus par Dieu. Cela ne veut pas dire que, dès qu'on pratique le Directoire on est parfait. Mais on arrive à la perfection en le pratiquant, on acquiert toutes les vertus. Et pour le pratiquer, le comprendre, une certaine élévation d'intelligence, de jugement est nécessaire, et qui n'est pas donnée à tous.

“... pour aider par prières ...” — Nous devons prier pour nos parents, nos amis etc. Si nos prières n'obtiennent pas pour celui pour lequel nous demandons, elles obtiendront ces faveurs célestes pour d'autres.

“Nous n’avons aucun lien, que le lien de la dilection, qui est le lien de la perfection: car la dilection est forte comme la mort, et le zèle d’amour ferme comme l’enfer. Comme donc pourrait-on avoir des liens plus forts que les liens de la dilection, qui est le lien de la perfection? La charité de Jésus-Christ nous presse (2 Co 5:14) (Dir., Souhaits particuliers, p. 10).

“Nous n’avons aucun lien que celui de la dilection”. — Saint François de Sales fait tout reposer sur la charité pour Dieu et la charité envers le prochain. On aime Dieu un peu à sa manière, mais quant à la charité envers le prochain, c'est quelque chose de palpable, et certes, il y a matière à l'exercer: divergence de caractère, de goût, de vue, et ainsi de suite. La bonne Mère, et c'est là ce qui servira le plus à sa canonisation, n’a jamais dit une parole contre la charité, contre une seule de ses sœurs.

“... la dilection est forte comme la mort ...” — La mort soumet tout, n'épargne personne. De même la charité, l'amour de Dieu, ne fait grâce à aucune passion, n'en ménage aucune. Elle est aussi “ferme comme l’enfer”. L'enfer est inflexible, de même la charité ne fléchit pas, ne change pas, n'a pas aujourd'hui une manière de voir, demain une autre.