Chapitres pour les Oblats 1873-1899

      

Fidélité au Directoire

Chapitre du 11 mars 1880

Notre Père nous recommanda de prier pour une œuvre sur le point de s'accomplir bientôt: la constitution régulière d'un noviciat. Il sera bon que même nos pères, les profès, y passent quelque temps pour s’y retremper dans la ferveur. Cette année, la crainte des lois avait empêché le noviciat, jointe d'ailleurs à diverses épreuves que le bon Dieu nous avait envoyées, épreuves nécessaires à tout commencement. Nous sommes soulagés d’un grand poids. Il était dur pour nous de ne pouvoir continuer notre œuvre qu'en renonçant à notre qualité de religieux devant les hommes, tout en ayant un noviciat, et nous étions résolus de sacrifier plutôt les collèges que notre vie religieuse. Dieu ne l'a pas voulu et nous devons l'en bénir par notre fidélité.

Soyons bien fidèles à notre Directoire. Tout est là pour nous. Soyons les enfants de notre saint Fondateur. Or chez lui tout est bien, comme le disait un religieux. La vie intérieure nous met continuellement dans la volonté de Dieu, de sorte qu'un Oblat qui accomplit parfaitement son Directoire est sûr d'accomplir à chaque moment la volonté de Dieu. Il y a là une aussi grande dépendance de l'âme entre les mains de Dieu que chez les bienheureux, en supposant bien entendu que nos dispositions soient les mêmes. Mais virtuellement cette obéissance au Directoire, considéré comme expression de la volonté de Dieu, nous conduit à une union à Dieu aussi puissante que celle du ciel. Sans doute les autres Ordres ont leur Règle qui leur signifie la volonté de Dieu. Mais cette Règle a des interstices pendant lesquels le religieux est livré à lui-même et cherche sa vie. Pour nous, Dieu nous lie continuellement à lui. Sans doute, la nature aimerait mieux agir; quand on agit, on est soi. Mais non, nous laisserons Dieu prendre tout notre être, afin qu'il puisse à son gré nous employer à faire la classe, à confesser, et ainsi de suite. Bénissons ces doux liens qui nous unissent à notre Sauveur. Laissons-nous serrer par eux avec une grande générosité. Notre union avec notre divin maître ne fera qu'en accroître.