Chapitres pour les Oblats 1873-1899

      

La sincérité envers Dieu

Chapitre du 22 janvier 1880

Notre Père nous dit qu'aujourd'hui la tentation est universelle. Les époques agitées comme la nôtre n'agitent pas seulement l'extérieur, mais elles agitent surtout les âmes. Les volontés sont affaiblies, les intelligences obscurcies et l'âme ne sait pas entrer résolument dans la voie qu’elle ne découvre pas clairement. Ce que chacun de nous éprouve maintenant, tout le monde l'éprouve, et Dieu permet ces moments de crise pour voir ce dont nous sommes capables. Les fruits de l’arbre qui sont bons resteront, mais ceux qui ne tiennent pas fermement ne résisteront pas aux secousses données à l'arbre. Or le remède à cette tentation générale c'est la sincérité à l'égard de Dieu, vertu fort rare, car on se ment à soi-même, on ment à Dieu: “Tout homme n’est que mensonge” (Ps 116:11; Rm 3:4). Il faut donc être sincère avec Dieu. Que veut-il de nous? Que demande-t-il de nous? Quelle est sa volonté sur nous? Voilà ce que nous devons nous demander en toute vérité et ce à quoi nous devons nous adonner franchement et entièrement. Il ne faut pas faire les choses à moitié, ni aux trois quarts, mais les faire entièrement.

Soyons donc sincères avec notre observance, avec notre Directoire, avec tout ce que Dieu demande de nous. C'était la vertu de saint Pierre. Il a commis des fautes, il a renié son maître et cependant cette volonté, quoique parfois égarée, cherche toujours franchement son maître. Dès qu’il a reconnu ce dernier sur la mer, il court à lui. Et nous aussi, dès que nous l'avons reconnu, fût-il au milieu des flots, fût-il au milieu des enfers, nous devons aller droit à lui. Demandons donc cette sincérité les uns pour les autres. Que ce soit là la grâce principale que nous tâcherons d'obtenir de notre bienheureux père pour le jour de sa fête. Des documents recueillis récemment témoignent qu’aucun saint n'a eu à souffrir plus que lui. Il y a à Annecy une chambre entière dans laquelle sont les papiers qui attestent les persécutions contre lui à propos de la fondation de la Visitation. C'est qu’en effet c’est à prendre ou à laisser. Si nous voulons entrer dans cette voie, attendons-nous à l'épreuve; et celle-ci sera d'autant plus terrible que nous serons plus fidèles. Elle nous arrivera surtout pour la fête de notre bienheureux père et peut-être d'une façon inattendue et singulière.