Chapitres pour les Oblats 1873-1899

      

L’obéissance et les malades

Chapitre du 13 novembre 1879

Notre Père nous rappela que nous devons être de vrais obéissants pour ce qui est des charges, classes ou surveillances, qui nous sont confiées. Cela doit être ainsi, si nous voulons que tout marche avec ensemble et succès. Mais surtout n'oublions pas que nous n'avons grâce pour bien faire que par l'obéissance, notre unique force, notre puissance. C'est une doctrine assurée qu'un bon religieux peut faire ce qui lui est commandé et le faire avec la dernière perfection. Saint Thomas ne voit qu'un obstacle à l'obéissance: le manque de jugement. Mais ceux qui ont un jugement ordinaire, peuvent obéir et, par obéissance, faire des miracles, s’il est besoin. C'est ce qui arriva à saint Maur, marchant sur les eaux par ordre de saint Benoît. C'est aussi ce que fit un religieux qui, ayant reçu l'ordre de saint Frobert d'aller chercher un compas, crut que son supérieur demandait une meule, parce que le nom en latin était le même [”molaria”], et apporta une meule de moulin.

Puis, notre Père nous parla des malades. La Règle dit qu'ils sont une bénédiction pour la communauté. Ceci n'est pas une pieuse croyance, c'est une doctrine. Nous devons les soigner de tout notre cœur, leur procurant non seulement ce qui est nécessaire pour leur guérison, mais encore ce qui peut les récréer, comme des fleurs, de la verdure en été. Il faut encore, par esprit d'obéissance, se conformer entièrement aux prescriptions du médecin; et l'infirmier ne pourrait rien faire en dehors de là, de sa propre autorité. Les malades doivent être assistés, à l'article de la mort, par un prêtre, comme l'indique le rituel.

Que doit-on faire quand on se sent malade? Il faut avoir une grande dévotion à se faire guérir par le bon Dieu; il faut prier, faire prier, prendre de l'eau bénite. Sur 25 cas, 24 réussiront par ce moyen. D'ailleurs, il est si bon d'être guéri par le bon Dieu! C'est un contact si intime avec sa bonté, cela nous unit tant à lui!

Du reste, rien ne renverse l'esprit religieux comme de s'occuper, et d'occuper les autres, de soi à tout propos, de se faire plaindre et soigner sans nécessité. Mais, supposé qu'on soit vraiment malade, il en est autrement. On ferait un acte de propriété envers soi-même beaucoup plus grand en ne prenant pas soin de se conserver à Dieu et à la communauté. Il faut alors prendre les remèdes qui ont reçu leur vertu de Dieu seul. C’est lui qui prend soin de nous. Ne nous confions ni dans nos remèdes, ni dans aucun moyen humain, sinon en tant que la volonté de Dieu est là. Telle est la confiance que doivent avoir les malades et que les infirmiers doivent leur inspirer. Que Dieu soit tout pour nous. Ainsi notre vie religieuse sera vraiment le noviciat du ciel, comme l'appelle saint Bernard, puisque le ciel consiste à contempler Dieu.