Chapitres pour les Oblats 1873-1899

      

Obéissance et chasteté

Chapitre du 5 juin 1879

Notre Père nous rappela encore que les coulpes bien dites effacent non seulement les fautes que nous accusons, mais encore les fautes vénielles.  Il faut donc bien s'exciter à la contrition en les disant, de sorte que nos noviciats servent à nous purifier. Il nous rappela encore le prix de l’obéissance. L'obéissance est ce qui coûte le plus et par conséquent ce qui nous sanctifie le plus. Saint Augustin le dit bien, ainsi que nous le lisons dans les leçons du bréviaire. C'est peu de renoncer aux biens extérieurs ou même aux plaisirs, mais il est grand de “renoncer à soi-même”(Cf. Mt 16:24). Saint Bernard dit que l'enfer est la volonté propre; le paradis est l'adhésion à la volonté de Dieu.

Notre Père nous expliqua le chapitre de la Règle touchant la chasteté. Nous ne devons aller nulle part sans être environnés de notre chasteté, comme d'un rempart impénétrable. Cependant nous devons éviter l'affectation. Si nous sommes dans les rues, nous devons regarder à une distance convenable, sans baisser les yeux de manière à être remarqués. Il faut savoir regarder sans voir. Dans la conversation, on ne doit pas se permettre ce qui aurait l'apparence du mal, parce que ce qui est légèreté chez les autres est pour nous un blasphème. Dans notre intérieur, retranchons fidèlement toute pensée qui pourrait ternir tant soit peu la parfaite netteté de notre âme. Si ce n'est pas une chose défendue, c'est toujours dangereux, ne serait-ce que par la distraction qui en résulte pour nous. Or il est certain que le bon Dieu récompense au centuple les sacrifices qu'on lui fait de ce côté, et si nous ne faisons rien à l'oraison, si le bon Dieu ne nous y parle pas, nous ne devons nous en prendre qu'à nous-mêmes. Quant à notre cœur, n'y souffrons d'autre dilection que l'amour de Dieu. Nous devons aimer les âmes qui nous sont confiées, mais il faut que Dieu soit l'âme de ces affections, qu'il soit notre unique amour. Voilà comment nous devons garder notre extérieur, nos pensées, nos affections.

N'oublions pas la mortification du réfectoire. Trouvons quelque petite industrie pour nous mortifier. D'ailleurs ce n'est pas seulement dans les repas, c'est dans nos récréations, dans toutes nos actions qu'il faut qu'il y ait la part de Dieu. Nous n'avons pas le courage de pratiquer de grandes austérités, mais il faut que les petites mortifications répétées mille fois par jour atteignent le poids des grandes mortifications des Chartreux ou des Trappistes. Soyons généreux en l'acceptation des sacrifices. Enfin souvenons-nous bien d'une chose, c'est que sans doute le ciel est un grand bien, mais plaire à Dieu est un bien beaucoup plus grand, immensément plus grand, infiniment plus grand. En effet le ciel est pour nous, mais plaire à Dieu est pour Dieu.