Chapitres pour les Oblats 1873-1899

      

Les novices et leur maître

Chapitre du 27 mars 1879

Il faut avoir un amour cordial pour le maître des novices. Pour ce point comme pour tout autre, ne nous étonnons point de trouver des répugnances, des tentations. Souvenons-nous que la tentation est l’élément essentiel de la vie religieuse. Elle est une marque de vocation, car elle est l'indice du travail et de la lutte. Hors de notre vocation, nous n'aurions ni lutte, ni répugnance, nous n’aurions que l'indifférence. Il faut donc que nous soyons tentés, et cela à l'encontre de l'observance. Nous devons témoigner au maître des novices de la reconnaissance et du respect. Ces vertus sont souvent oubliées dans les familles. La religion doit être en cela comme une nouvelle éducation. Il faut rendre une obéissance très prompte et très simple au directeur. Si nous sommes vrais obéissants, le bon Dieu fera des miracles.

Un jour, le moine saint Frobert reçut l'ordre de son supérieur d'apporter un petit objet nommé molaria, pour lui servir de compas. Il ne comprend pas très bien, il cherche partout, il trouve enfin dans un endroit écarté une grosse meule de moulin. Croyant que c'était cela que le supérieur avait demandé, la molaria, il n'hésite pas, enlève et apporte sur son épaule la meule de moulin. Le supérieur réunit la communauté, pour faire voir à tous ce que peut l'obéissance aveugle.

“Que [les novices] suivent [la direction du Maître des novices] avec humilité, lui rendant fidèlement compte de leurs actions, et de tout leur intérieur, lui parlant en la même sorte qu’il sera dit pour le Supérieur” (Dir., Art. XVI; p. 128).

Il faut, dans cette reddition de comptes dire dans quel état on se trouve, comment on s'est comporté envers le prochain, comment on a pratiqué le Directoire, demander, si on en a besoin, des lumières, des encouragements, de manière à sortir de cet exercice avec de nouvelles forces pour le service de Dieu. Les novices, grandement humbles, doivent servir et respecter chacun. Ces deux mots sont bien dignes d'attention. Il faut se rendre service les uns aux autres, non pas sans doute avec un empressement qui serait importun, mais avec cordialité. Il faut également qu'on porte un grand respect afin de bien entrer dans les sentiments d'amour et de charité que saint François de Sales veut que nous ayons les uns pour les autres.