Chapitres pour les Oblats 1873-1899

      

Le silence

Chapitre du 30 janvier 1879

A ce chapitre furent présentés deux nouveaux religieux. A ce propos, notre Père nous fit remarquer qu’il n'est pas nécessaire que les postulants soient admis après qu'on ait pris l'avis de la communauté, mais que, d'après le sentiment de la cour de Rome, la décision du supérieur à elle seule suffirait. Cependant, pour nous rapprocher le plus possible de la Visitation, nous pouvons continuer l'usage de consulter la communauté. M. l'abbé Foin fut reçu d'abord. Notre Père lui recommanda de s’abandonner à la conduite de Dieu qui lui départirait à propos les mortifications et humiliations nécessaires, choses que notre saint Fondateur appelle des marques de l'amour de Dieu envers nous. Puis on reçut le P*** S***. L'âme simple et humble d'un frère, nous dit notre Père, attire souvent de grandes grâces sur une communauté.

Puis notre Père nous parla du silence. Excepté pendant les récréations, nous sommes toujours en silence, c'est à quoi souvent on ne fait pas assez attention. Sans doute, on peut dire tout ce qu'exige notre emploi, mais on ne regarde pas à dire un mot de plus pour satisfaire sa curiosité ou la passion du moment.

“Qu’en entrant [au lieu de leur travail, les frères] se mettent plus particulièrement en la présence de Dieu, lui demandant la grâce d’employer le silence selon la fin pour laquelle il a été si saintement institué, qui est non seulement pour empêcher le vain babil, mais aussi pour retrancher les pensées vagabondes et inutiles, s’entretenant avec Dieu, et pour prendre nouvelles forces pour travailler sans cesse à son divin service” (Dir., Art. X; p. 77).

Ce point est très important. Notre saint Fondateur ne nous impose pas une heure d’oraison; il prétend faire de notre vie tout entière une oraison. Quand donc les pères entrent en salle de communauté pour préparer leur classe, ils doivent prier Notre-Seigneur de bénir leur travail de manière que, s’unissant à lui, ils en retirent de nouvelles forces. C'est ce qui se fait plus parfaitement dans les travaux manuels, et cela donne un grand avantage aux frères sur les pères. Dans le Directoire, sont données quelques aspirations que saint François de Sales goûtait plus particulièrement. Il serait bon de les avoir transcrites sous les yeux pendant l'étude, afin de s'en servir. Néanmoins il ne faudrait pas se fatiguer l'esprit. Dans les moments de lassitude, il faut reposer son esprit en Dieu, lui remettre sa volonté en lui disant par exemple: “Mon Dieu, je veux faire votre volonté, je suis tout à vous”, et rester en cet abandon, car ce qui est prescrit, c'est l'union à Dieu.

Notre saint Fondateur recommande ensuite les pensées des heures. Il assure que ces exercices nous conduiront à la perfection de l'amour divin. Gardons précieusement cette promesse d'un saint et d'un docteur de l'Eglise. Saint-Philippe de Néri disait lui aussi qu'il répondait du salut d'une âme qui faisait vingt fois par jour une aspiration vers Dieu. Ces exercices nous vaudront l'assistance de Notre-Seigneur à notre mort. C'est un fait, nous dit notre Père, que j’ai toujours constaté chez les religieuses Visitandines, pour qui la mort a toujours été comme le commencement de la félicité du ciel. Enfin dans nos difficultés, observons bien de considérer Notre-Seigneur dans 1'étable de Bethléem, au jardin des Olives, sur la croix. Nous saurons par expérience combien, ainsi que le dit saint François de Sales, cette considération donne de lumière et de force.