Chapitres pour les Oblats 1873-1899

      

Du lever

Chapitre du 19 septembre 1878, recueilli par le P. Lebeau

Notre Père, après avoir fait lecture du chapitre du lever dans le Directoire, nous dit: ”Je veux d'abord vous faire une remarque générale sur le Directoire. C’est que pour correspondre à votre vocation, vous devez vous efforcer de le pratiquer aussi parfaitement que possible, car c'est toute notre vie qui y est comprise. Nous n'avons aucune mortification corporelle, telle que le jeûne, le cilice ou toute autre semblable, mais notre mortification, c’est de nous unir à Dieu comme il nous l'enseigne.

Il ne faut pas confondre ces trois mots: la pensée de Dieu, la présence de Dieu et l’union à Dieu. Leur sens est différent. Notre Directoire non seulement nous donne la pensée de Dieu, il nous donne la présence de Dieu, il nous donne bien plus encore, l'union à Dieu. C'est-à-dire que, par suite d'un long exercice, nous arrivons à un tel point que tout ce que nous faisons, nous le faisons pour plaire à Dieu et comme si Notre-Seigneur le faisait lui-même. Les Sœurs de la Visitation d'Amiens se sont bien convaincues de la vérité de ce que je viens de dire, depuis qu’elles en ont essayé la pratique sérieuse, car auparavant elles ne le croyaient qu’imparfaitement, disant que tel autre moyen était plus didactique.

Prenons aujourd'hui le lever. Notre saint Fondateur a mis là plusieurs pensées. Nous devons les prendre chaque matin, en prendre au moins une, sinon toutes; et celles-là préférablement à toute autre, quoique bonne, car une grâce particulière y est attachée. Quant à la préparation, à l'exercice du matin, faites-la comme il nous le dit, en pensant aux fautes que nous avons commises la veille, en demandant pardon à Dieu et prenant des résolutions pour n'y plus tomber. Notre saint Fondateur a, avec raison, marqué une petite prière tout après notre réveil. Ce n'est pas alors qu'il faut faire de longues prières. Non, il n'en est pas encore temps, cela se fera en l'oraison, mais cet exercice du matin nous est fort utile; il nous met en les bras de Dieu et nous n'avons plus qu'à nous habiller tranquillement en attendant le moment de l'oraison.

Vous me demandez, mes enfants, si dans le commen­cement où l'on a bien de la peine à se faire à cette multitude d’exercices, on peut suppléer par une autre pratique plus générale à ces manquements involontaires. Eh bien! je vous réponds que oui. Prenez, d'après l'avis de votre père spirituel ou de votre maître des novices, une pensée à laquelle vous vous sentez quelque attrait; nourrissez-en votre âme en attendant que la pensée du Directoire vous vienne à l'esprit. Priez, mes enfants, cette semaine, pour M. le curé de Saint-Vincent de Mâcon qui est mort hier, mercredi, à midi. Voilà la maison de Mâcon qui a perdu un de ses bienfaiteurs; deman­dons un successeur qui nous soit favorable.