Retraites 1896

      


DEUXIÈME INSTRUCTION
Les vœux


“Sustinete Dominum” - “Soutenez l'action du Seigneur”. Faites la retraite comme il vous l'a préparée; acceptez‑la comme il vous la donne. Vous n'avez pas autre chose à faire pendant la retraite que de suivre la grâce de Dieu. Ce n'est pas ce que vous pouvez faire de vous‑mêmes, de votre industrie personnelle, ou en suite de telle ou telle méthode, qui vous fera bien faire votre retraite. C'est Dieu avec nous. Ayez bien à cœur, pendant cette retraite, de tout bien accepter, de faire bien parfaitement votre Directoire, de ne manquer à rien de ce qui vous est indiqué; tenez, jusqu'à un fil, jusqu'à un cheveu aux prescriptions du règlement. Fondez‑vous entièrement dans la Règle. Que ce soit elle qui vous pénètre de toutes parts; et alors elle opérera.

Enseignez bien cette doctrine aux âmes à qui vous aurez à faire faire des retraites. Sans doute toutes ne marchent pas dans la même voie. Les grâces sont différentes: elles diffèrent d'une âme à l'autre, comme diffèrent les traits du visage, le son de la voix. Les manières d'esprit sont différentes, mais il y a une manière d'être qui va à tout le monde, c'est de faire la retraite comme je vous indique, de faire la retraite avec la retraite, avec les exercices de la retraite, avec les gênes, les ennuis, les contre-cœur, les découragements, peu importe quoi. Regardez cela comme étant des choses précieuses, comme étant l'expression directe de la volonté actuelle de Dieu sur vous. Et votre retraite sera parfaite.

La retraite, c'est toute l'année, c'est toute la vie qu'elle doit durer. La retraite, ce n'est pas seulement passer 4 ou 5 jours auprès du bon Dieu, mais c'est pour que le bon Dieu reste avec vous toute l'année comme pendant la retraite. Voilà ce qu'il est nécessaire de bien comprendre et de bien accepter. Faites ainsi, mes amis, et ce vous sera extrêmement profitable. Pendant que Notre-Seigneur était sur la terre, aux années de sa prédication évangélique, quand la foule l'entourait, il lui donnait seulement du pain. Une fois seulement il leur donna un peu de poisson. Mais après sa résurrection non seulement il leur donna du pain et du poisson, mais il y ajouta un rayon de miel. Voilà sa manière d'être. Vous donne‑t‑il du pain sec? Vous avez au moins quelque chose à manger. Joint‑il quelque chose à votre pain? Un rayon de miel? Remercions‑le: c'est le Seigneur!

Donc courage! Soutenez, acceptez tout ce qu'envoie le Seigneur, et c'est ce qui rendra votre retraite excellente et parfaite. C'est mieux que l'oraison, que la lecture, que la prédication, que tout ce que vous voudrez. Retenez cela et faites‑en votre profit, maintenant et plus tard: pour vous‑mêmes et pour les autres. Je vois avec bonheur que la retraite est recueillie, que chacun pense sérieusement à son âme, que chacun a le désir de se retremper dans la vie religieuse, de commencer une vie plus parfaite, donnée plus complètement au bon Dieu.

Je désire vous dire ce soir quelques mots sur les vœux. Autrefois, quand les vœux étaient entourés d'une grande solennité, quand les lois humaines les protégeaient et les garantissaient même, de telle sorte que celui qui avait fait vœu de pauvreté ne pouvait plus rien posséder au monde, et que celui qui avait fait vœu de chasteté ne pouvait plus jamais contracter mariage, et que celui qui avait fait vœu d'obéissance restait toujours, de par la loi civile, dans la dépendance de ses supérieurs, les vœux alors paraissaient être quelque chose et faisaient une grande impression. Je me rappelle d'une lettre de M. Chappuis, le père de la bonne Mère Marie de Sales, qui envoyait de l'argent à ses filles Visitandines et disait: “Il faudra donner cet argent à Madame la supérieure, afin qu'elle en dispose selon sa volonté, puisque vous ne pouvez plus en disposer vous‑mêmes”. Tout le monde alors savait cela. Tout le monde savait un peu de théologie, au lieu de s'occuper comme maintenant de choses ridicules. A Troyes même, dans les premiers temps de mon sacerdoce, j'ai connu un certain nombre de vieillards qui avaient étudié leur théologie et qui remplissaient bien leurs devoirs religieux, et qui étaient parfaitement au courant de tout ce qu'ils avaient à faire pour le salut de leur âme. On n'en trouve, hélas! plus guère aujourd'hui. Le besoin de prêtres se fait sentir. En Italie, en Allemagne, en France, dans tous les pays catholiques, la nécessité a poussé les évêques à faire des réclamations instantes auprès du Pape, pour que les religieux qui ne persévèrent pas dans leur vocation puissent être acceptés dans le clergé séculier; et bien des permissions ont été accordées. C'est un grand coup, un grand ébranlement qui a été porté à la pyramide si solide de la vie religieuse.

Eh bien, mes amis, au fond, qu'est‑ce que peut bien faire ce changement de discipline à la conscience d'un chacun de nous? Est‑ce que les vœux que nous avons faits au bon Dieu tiennent le moins du monde à une question de loi civile ou de gendarmerie? Est‑ce que les dispenses que l'Eglise elle‑même accorde en raison de la “dureté de cœur” (Mt 19:8) nous laissent libres, dans l'intime de la conscience, de manquer, sans raison valable, aux engagements que nous avons pris avec Dieu? Vous manquez à la parole donnée à un homme, vous ne tenez pas aux engagements que vous avez pris à son égard, vous êtes un malhonnête homme. Si c'est à l'égard d'une société commerciale, on vous regarde comme un voleur. Dans les simples relations de l'amitié, vous serez réputé sans caractère et lâche. Dites que les vœux que vous avez faits à Dieu dans l'intime de votre cœur vous obligent strictement et pour toujours, ou alors nulle promesse, nul engagement ne peut nous lier et nous obliger ici‑bas. Alors on a bien eu raison d'inventer le divorce! Qu'est‑ce qui reste de sacré sur la terre, si les vœux faits à Dieu ne le sont plus? Plus rien.

Les vœux sont donc quelque chose, mes amis. On peut les envisager sous plusieurs aspects.
Les vœux religieux entraînent avec eux une obligation. Prenez tous les livres qui traitent de la question, tous parlent longuement de l'obligation qu'entraîne le vœu. Cela ne suffit pas tout à fait. L'obligation des vœux: oui, l'expression est juste. C'est une chose incontestable, mais n'est‑ce qu'une obligation? Et celui qui fait le vœu ne prend‑il rien autre chose qu'un joug sur ses épaules? Ne trouve‑t‑il que la peine et la souffrance, que les fers et les entraves de la captivité? Le religieux n'a‑t‑il pas d'autre situation dans l'Eglise que celle d'un esclave? La plupart des traités sur la vie religieuse envisagent quelque peu la vie religieuse à ce point de vue. Pourquoi? Peut‑être parce qu'ils n'avaient pas la notion complète, certaine, pratique, des vœux.

La voici, cette notion. Vous faites les vœux de pauvreté, de chasteté, d'obéissance, selon que la Règle vous apprend à les pratiquer. Vous vous y obligez sous peine de péché mortel. Qu'il soient solennels, qu'ils soient simples, peu importe: l'obligation du vœu est la même. Votre vœu fait, ce que vous avez voué vous oblige comme vous obligent les commandements de Dieu et de l'Eglise. Voilà la doctrine. Dans la vie religieuse, vous avez treize commandements de Dieu, au lieu de n'en avoir que dix. Ou si vous préférez, vous avez neuf commandements de l'Eglise, au lieu d'en avoir six. Les vœux ne seraient donc qu'une obligation à accomplir, et pas autre chose? Non, ce n'est pas du tout cela. Le vœu est une aide très puissante, d'une extrême douceur, pour nous faire supporter les devoirs de la vie religieuse. Au lieu d'être une chaîne, un carcan, ils sont une porte de liberté. Ils ne nous plongent pas dans un cachot ténébreux, où les rayons de la lumière ne peuvent parvenir jusqu'à notre âme. Non, c'est la lumière de la vie. Ils ne nous ensevelissent pas, comme jadis Jugurtha, dans une prison glaciale, mais ils répandent autour de nous une atmosphère suave et douce.

Ce n'est pas dans mon intention d'entrer longuement dans le détail de chaque vœu en particulier. Un mot de l'obéissance. Vous êtes religieux, vous êtes obligés d'obéir. Mais, écoutez‑moi bien! Toutes les fois que vous aurez une obéissance à accomplir, qu'elle vous soit agréable ou désagréable, songez que dans le monde comme dans la vie religieuse on est souvent contraint d'obéir. Vous, vous avez votre vœu qui vous met en contact immédiat avec Dieu, en rapport direct avec lui. Ce que vous auriez fait malgré vous, vous allez le faire volontiers, avec l'aide d'une grâce toute spéciale de Dieu. Le bon Dieu donne sa grâce ordinaire à tous les hommes de bonne volonté. Mais vous, religieux, c'est avec une grâce de choix que vous agissez, qui rend vos actes d'obéissance bien parfaits, qui les pénètre de la grâce divine. C'est la sainteté pour vous. Si vous avez bien la foi en votre vœu d'obéissance, ce sera la lumière, ce seront sans cesse des actes de suprême sanctification et d'immense consolation. Vous avez là un mérite non seulement ordinaire, mais, dit saint Thomas, nous doublons, nous triplons, nous centuplons nos mérites, en suite de notre vœu. Notre vœu d'obéissance est donc une aide, une occasion de mérites beaucoup plus grands que tous ceux que nous pourrions trouver en d'autres circonstances.

Comprenons bien le vœu d'obéissance de cette façon, et toutes les fois que nous avons à obéir, que ce ne soit pas une obéissance mécanique, ou bien un acte qui humilie et abaisse notre volonté. Mais que ce soit une action qui unisse notre volonté à la volonté divine, une action qui nous sanctifie et nous rende agréable à Dieu. Rien ne peut être plus méritoire et plus agréable à Dieu que l'acte d'obéissance fait en suite du vœu.

Donc toutes les fois que vous avez un acte d'obéissance à accomplir, que ce ne soit pas une obéissance purement passive. “Je dois obéir; j'ai promis d'obéir; j'ai de la conscience et du cœur; je suis un honnête homme; j'obéis”. C'est bien. Vous êtes disposé comme cela; mais un autre n'est pas dans les mêmes dispositions. Cette obéissance lui répugne; il ne la comprend pas; il n'en a pas l'intelligence. Alors il se rappelle que l'acte qu'on lui demande est un acte religieux, un acte d'amour de Dieu, un acte d'un grand mérite devant Dieu. Il obéit et Dieu accepte son obéissance comme bien plus méritoire et agréable à ses yeux que celle qui est faite simplement par raison ou même par conscience. C'est, je le répète, l'acte le plus méritoire qu'on puisse faire. Saint Thomas ne dit‑il pas que les religieux ont une place à part au ciel? Il y a deux ordres, deux catégories dans le ciel, deux places: la place des religieux et la place de ceux qui n'ont pas été religieux. Vous faites un acte de pauvreté, vous vous privez de quelque chose: c'est un acte raisonnable, un acte qui témoigne de la force et de la générosité de votre volonté, de votre énergie de caractère. Vous le faites pour Dieu, par mortification, esprit de pénitence ou de pauvreté, c'est très bien, c'est parfait. Mais vous le faites en suite de votre vœu d'obéissance, et cet acte qui vous a plus ou moins coûté vous met entre les mains des richesses infinies, des ressources immenses que les autres n'ont pas et n'auront jamais. L'obéissance religieuse est la clé d'or qui nous donne de pénétrer dans les demeures les plus secrètes et les plus intimes de la Divinité.

La chasteté. Nous faisons le vœu non seulement de ne pas contracter mariage, de nous abstenir de toutes les licences sensuelles, et de donner à Dieu seul toute l'affection de notre cœur. Ce vœu est aux regards de Dieu d'une perfection incomparable. De l'homme, il fait un ange. Il en fait même un être supérieur en quelque sorte à 1'ange, car, comme dit saint Jean Chrysostome, l'ange n'a pas à lutter et à combattre comme nous pour conserver sa pureté; il n'a pas les révoltes de la chair et de la concupiscence. Qu'arrive‑t‑il de ces combats victorieux? C'est que nous dépassons la créature spirituelle elle‑même; c'est que nous élevons notre chair jusqu'à la dignité divine. Je ne dis pas trop: “Afin que vous deveniez ainsi participants de la divine nature” (2 P 1:4). Cette lutte nous purifie, nous retrempe, nous remet dans les rangs de Dieu, l'éternel lutteur contre le mal; elle nous fait entrer dans les puissances divines, parce qu'il a été donné au Sauveur de terrasser le démon.

Là vous avez, par le fait même de vos vœux, cent fois plus de mérites, vous vous préparez pour le ciel une place éminente. Je vous fais faire une remarque en passant: Tous les grands saints, tous ceux qui ont opéré le plus de bien dans le monde, comme saint Paul, ce sont ceux qui ont eu à subir les luttes les plus rudes et les plus insurmontables, surtout au point de vue de la chasteté. Dieu le permet et prépare à ces âmes des ressources immenses pour la sanctification du prochain. C'est là le secret de Dieu, mes amis; et c'est là la raison de la force, de la puissance des grâces qu'il dépose dans une âme de prêtre et de religieux. Dans mon long ministère auprès des âmes, j'ai pu faire nombre de fois cette remarque que les âmes qui sont éprouvées par les tentations et qui ne s'en effraient pas, mais les dominent et en triomphent, et qui peuvent ainsi rayonner au-dessus des nuées et des orages, ont sur le cœur de Dieu un pouvoir immense, et un pouvoir immense sur le cœur des hommes. Dieu se souvient de ce que ce prêtre a fait pour lui et il est magnifique dans les dons qu'il met entre ses mains.

Vous voyez que le vœu  de chasteté n'est pas, lui non plus, un lien humiliant, ce n'est pas une chaîne qui nous rive à notre devoir. Au contraire, c'est le char de feu d'Elie qui nous porte jusqu'au ciel. Je ne dis rien de trop, mes amis. Ai‑je puisé cela dans les livres? Je ne l'ai lu nulle part, mais j'ai vu cela dans les âmes. Donc, mes amis, aimez bien vos vœux. Pratiquez‑les comme je vous dis de pratiquer la retraite. Là, vous retrouverez toute force, tout amour. Pensez‑vous que saint Bernard ait trouvé ailleurs son âme, son génie, sa sainteté? Pensez‑vous que ce soit ailleurs que dans ses vœux religieux? Je vous dis que non. Ce qui a fait saint Bernard, c'est précisément la pratique de ses vœux religieux. A Clairvaux, sa première cellule était une soupente sous le toit. Quand l'abbé de Montiéramey vint le visiter dans sa maladie, il le trouva dans cette espèce de réduit sans nom. Il ne trouva pour s'asseoir qu'un recoin du mur, et c'était le toit même qui faisait le plafond de la cellule. Voilà saint Bernard avec son vœu de pauvreté. Voyez-le maintenant avec son vœu de chasteté, ce qu'il dit lui‑même des attaques du démon, des tentations de la chair, de la fuite du monde. Voyez ses afflictions et les peines de cœur que lui apportaient les séparations et les deuils, lui dont le cœur était si aimant, si tendre, si affectueux. Ecoutez‑le pleurant son frère Gérard. Qu'est-ce qui a fait saint Bernard et ce cœur à nul autre pareil? C'est le vœu de chasteté.

Son vœu d'obéissance? Pendant tout le temps que saint Bernard était au monastère, il poussait l'obéissance scrupuleuse à la Règle jusqu'à ses dernières limites. Il faisait de même, autant qu'il le pouvait,dans ses voyages. Nous le voyons, quand il passait par Troyes, quand il s'arrêtait dans les divers endroits qui environnent la Claire Vallée, avec quelle exactitude, avec quelle perfection il remplissait les plus petits devoirs de sa vie religieuse. Il accomplissait toutes les plus minimes pratiques de ses vœux de pauvreté, de chasteté, d'obéissance, comme il obéissait à Dieu, à la règle, aux circonstances qui se rencontraient.

La bonne Mère Marie de Sales, qu'est‑ce qui l’a faite? Ses vœux religieux. Tous les secrets de son âme et de sa vertu sont là, dans ses vœux. Je reviens à saint Bernard. J'ai chez moi une petite peinture sur cuivre; tout le monde me dit qu'elle est ancienne, et je le crois. C'est bien le portrait de saint Bernard avec sa figure amaigrie par les jeûnes. Il serre sur son cœur la lance, les clous, la couronne d'épines. Et lui-même nous donne quelque part le sens de cette image: “Au commencement de ma vie religieuse, disait‑il à ses moines, je fis la récolte de tous les objets qui ont servi à la Passion du Sauveur: la croix qui pesait sur ses épaules, l'éponge trempée dans le fiel amer, le vinaigre qu'il but au plus fort de ses douleurs, la lance qui a percé son cœur, les clous qui ont attaché ses pieds et ses mains, et de tous ces objets précieux j'ai fait un faisceau, un bouquet que je presse amoureusement sur mon cœur afin qu'ils me remplacent tous les mérites que je savais bien me manquer”. Ce sont à peu près les paroles de saint Bernard. Et ce sont précisément ces paroles qu'a voulu traduire l'auteur de ma petite peinture.

De même la bonne Mère Marie de Sales était si affectionnée à la pauvreté qu'elle faisait avec une dévotion incomparable le moindre acte de pauvreté. Elle était si affectionnée à l'obéissance qu'elle s'appliquait avec une attention sans pareille à bien accomplir chaque recommandation de la Règle ou de l'observance. Elle était si affectionnée à la chasteté que son cœur était toujours intimement uni à Dieu dans les circonstances même les plus pénibles et les plus difficiles. Voilà le secret, mes amis. Voilà la vraie doctrine de nos vœux. Et les vœux ainsi compris, ainsi aimés, ainsi pratiqués deviennent le soutien, la consolation, les délices de nos âmes. C'est comme cela qu'il faut voir nos vœux. “Ma doctrine n’est pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé” (Jn 7:16). Cette doctrine, je vous la donne comme étant celle des saints, des saints qui sont nos modèles, et sur les pas desquels nous devons marcher.

Apprenez à pratiquer ainsi vos vœux, à en user avec amour, avec générosité, avec attention. Soyez contents dans les tentations dont ils pourront être l'occasion. La tentation nous rapproche de Dieu, la pauvreté nous fait ressembler au divin Maître, l'obéissance nous unit intimement à celui qui disait: “Mon heure n’est pas encore arrivée” (Jn 2:4); “Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé” (Jn 4:34). C'est ainsi que vous unissez votre volonté à celle de Notre-Seigneur. Voyez comme cela élève, comme cela soutient, comme cela rend la vie religieuse productive.

Sont-ce de simples considérations que je vous donne là, pour occuper votre esprit? Non, c'est le fonds, le vrai fonds. C'est la vie religieuse toute entière. Marchons dans ce sens, et nous sommes vraiment des religieux, nous sommes agréables à Dieu. Nous sommes des âmes élues, choisies, nous sommes les flambeaux qui portent la lumière dans Israël, nous sommes les anges précurseurs de la grâce divine.

Voilà vos vœux: comprenez‑les bien. Demandez‑en au bon Dieu de tout votre cœur l'intelligence, demandez‑lui que, par l'intercession de la bonne Mère, vous sachiez vous en faire une idée bien exacte, et comme les saints, les aimer, vous y attacher, non seulement par la volonté, mais encore de toute votre intelligence et de tout votre cœur. “Que le Seigneur vous accorde cela par sa miséricorde au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Amen.