Retraites 1882

      


QUATRIÈME INSTRUCTION
L’obéissance

L'obéissance est notre vertu propre. Dans d'autres Ordres, il y a plus de mortifications corporelles, d'austérités. Nous, il nous faut gagner par la soumission de notre esprit, de notre cœur, de notre jugement, de notre sentiment, de tout ce qui a vie en nous, suivant le langage de saint Pierre: “Vous avez sanctifié vos âmes” (1 P 1:22), ce que nous ne gagnons pas par les mortifications, les austérités qui, du reste, ne sont pas dans notre Règle. Nous ne mortifions pas tant notre corps que notre âme. Il faut obéir à nos Supérieurs, à la Règle, aux Constitutions, à notre Supérieur local, au préfet de discipline, autrement  nous ne serions pas religieux Oblat, nous manquerions à ce qui fait essentiellement l'Oblat, à ce qui le constitue; car, encore une fois, toute notre mortification est dans notre esprit d'obéissance.

Saint Siméon Stylite dit que l'obéissance est “une preuve qui dit vrai”. Avons-nous quelque chose de périlleux, de difficile à accomplir ? Si nous le faisons par obéissance, nous n'avons rien à craindre. Même si nous nous trompons, nous n'avons rien à craindre de Dieu, car, dit le même saint, l'obéissance est “une fidèle et perpétuelle justification auprès de Dieu”. L'obéissance est infaillible: nous sommes toujours sûrs de bien faire en obéissant. Il en coûte? Oui, et la mesure de ce que nous souffrirons en obéissant est la mesure de la valeur de notre obéissance, suivant cette parole de saint Paul, parlant de Notre-Seigneur: “Tout Fils qu’il était, il apprit, de ce qu’il souffrit, l’obéissance” (He 5:8). C'est par ses souffrances qu'il a appris l'obéissance. S'il nous en coûte beaucoup, nous aurons beaucoup de vertu; s'il nous en coûte plus, nous en aurons plus encore. Saint Bernard, au retour d'un long voyage, apprend que ses novices ont fait quelques manquements à l'obéissance. Il se rend au noviciat, il monte dans la chaire puis, les bras croisés sur sa poitrine, sans rien dire, il attend. Enfin, il tire un crucifix de dessus sa poitrine, le présente aux novices et se retire. Les novices, désolés viennent le trouver, lui avouent leur faute, lui assurent qu’ils vont faire pénitence. “Il ne s'agit pas de pénitence, dit le saint. Je vous ai promis de vous conduire au Ciel dans la vie religieuse, mais pour cela il faut obéir comme Notre-Seigneur, jusqu'à la Croix, plus encore, jusqu'à la mort de la croix; plus encore, en étant unis aux pensées, aux intentions de Notre-Seigneur mourant”. Apportez aussi l'obéissance dans la direction des âmes, dans vos instructions. Comment?  Dans la direction des âmes, les prêtres ne doivent pas se servir surtout de leur science, de leur expérience, de leurs études. Non, mais de la manière de faire de notre saint Fondateur. Les saints prêtres, dans le monde, lisent les œuvres de Saint François de Sales, l’Introduction à la vie dévote, que nous devons, nous aussi, lire, étudier, et qui doit être la base de notre direction. Mais nous devons faire plus que ces saints prêtres, qui, dans leur direction, se servent de tout ce qu'ils ont appris et lu. Nous, nous devons nous dire: “Dans telle circonstance, qu'eût fait notre saint Fondateur?” Et il faut agir dans son esprit, de tout notre cœur, et nous produirons plus de fruits que si nous suivions nos lumières. Car nous ne serons pas seuls (et seuls, nous ne sommes rien), mais en union avec Notre-Seigneur, notre saint Fondateur, toute la Communauté.

De même dans nos sermons: obéissons bien à la ligne qui nous est tracée. Ne prêchons jamais une série de sermons pour une circonstance exceptionnelle, sans les soumettre au Supérieur. Et quand même il nous commanderait de dire ce qui paraîtrait moins bien à notre sens, obéissons. Nous produirons ainsi plus de fruits. Que notre doctrine soit celle de saint François de Sales, autant que faire se pourra. Entrons bien dans son esprit. Alors je le répète, nous ne serons pas seuls et nous produirons beaucoup de fruits dans les âmes. Et puis, que notre prédication soit vivante, imagée, intéressante, s'adressant bien à l'auditoire que nous avons devant nous.

En finissant, je vous recommande de prier pour le recrutement de la Communauté demandons aussi les lumières du Saint-Esprit: il nous faudrait un Propre pour la Sainte Messe et l'Office et il le faudrait bientôt.