Chapitres pour les Oblats 1873-1899

      

L’obéissance

Chapitre du 5 août 1881

L'obéissance, dans chaque ordre religieux, a son caractère particulier; elle a le sien dans le plan de saint François de Sales. Imitons l'obéissance de Notre-Seigneur. Saint Paul a caractérisé l'obéissance du Sauveur. “Tout Fils qu’il était, [le Christ] apprit, de ce qu’il souffrit, l’obéissance” (He 5:8). Voilà comment Notre-Seigneur en tant qu'homme a appris l'obéissance, et voilà comment à notre tour nous l'apprendrons. Autant nous saurons souffrir, autant nous saurons obéir. Vous savez souffrir jusque-là , vous savez obéir jusque-là. Tant que nous ne souffrons pas, nous n'obéissons pas réellement. Notre-Seigneur a obéi très parfaitement parce qu'il a souffert énormément. Il a enduré dans son corps des douleurs inexprimables; il a éprouvé dans son âme cet abandon de son Père céleste, se voyant pour ainsi dire repoussé de Dieu qui ne voulait rien autre chose que son anéantissement. Notre-Seigneur a souffert jusque-là, il a aussi obéi jusque-là. Ainsi notre obéissance sera d'autant plus méritoire que le commandement tendra davantage au renversement de notre propre jugement, à l'anéantissement de notre propre volonté, à la mortification de nos inclinations. La meilleure obéissance est celle qui nous coûte davantage. Ah! c'est une science bien difficile que celle de l'obéissance, puisqu'il a fallu qu'un Dieu vienne nous l'apprendre. Mettons-nous donc à son école et, comme il dira, répétons après lui.

La mère Marie de Sales a pratiqué cette vertu d'obéissance à un très haut degré de perfection. Souvent elle en a éprouvé d’innombrables souffrances. Ainsi, elle avait été envoyée dans un monastère si pauvre, que les religieuses étaient obligées de ne manger que des haricots et des pommes de terre, mets que l'estomac de notre bonne Mère avait peine à supporter. Dans un autre monastère, elle avait façonné des novices qui étaient des anges. Ces novices meurent et il ne lui reste plus que des religieuses incapables de s'associer entre elles. Ce fut une dure épreuve, mais néanmoins elle tint toujours sa volonté attachée à celle du Sauveur. Et si pendant trois secondes seulement elle avait eu une petite hésitation, un petit moment de recul, elle s'en serait immédiatement confessée. Sa seule aspiration était vers la souffrance: elle la regardait comme la seule chose qui pût véritablement la rendre conforme au Sauveur.