Retraites 1900

      


DIXIÈME INSTRUCTI0N
Clôture de la retraite. Actions de grâces

Mes amis, nous avons à remercier le bon Dieu de cette retraite. Je crois que sa grâce a agi bien activement dans bon nombre d'âmes. Tout le monde en emportera une bonne impression; et j'espère que les fruits en seront durables en nous et autour de nous. Mettons‑nous‑y. Devenons bien les religieux de la bonne Mère Marie de Sales, les religieux de la Voie. Remplissons les vœux de la Sainte Eglise. Ce but est assez beau vraiment et nous pouvons dire avec David: “Le cordeau me marque un enclos de délices, et l’héritage est pour moi magnifique” (Ps 16 [15]:6).  La part que le bon Dieu m'a faite est belle. Pourquoi belle? Parce que c'est la part qu'il a faite et choisie pour moi; c'est celle qui est à la mesure de ma capacité, de mon sentiment, de mon jugement, de mon cœur. Je la trouve belle et n'en désire pas d'autre.

Retenez cela, mes chers amis, qu'il faut remercier beaucoup le bon Dieu d'être Oblat. Je vous défie tous, tant que vous êtes, de trouver ailleurs des grâces plus grandes que celles que vous recevez ici. Vous ne trouverez nulle part les mêmes secours, les mêmes lumières, les mêmes moyens faciles et sûrs d'aller au bon Dieu et d'y faire aller les autres. Maintenant, que les fruits de cette retraite se fassent sentir dans la Congrégation. Aimez‑vous bien les uns les autres. Que chacun de nous, dans ses mementos, prie pour la communauté, pour tel ou tel Père, pour tel de nos besoins, pour telle ou telle de nos multiples œuvres. Que tous les jours il y ait, chez chacun de nous, un souvenir, une prière toute spéciale et toute fervente pour la communauté, pour celui‑ci, pour celui‑là.

Nos missions ont beaucoup souffert ces temps derniers, mais je faisais une remarque qui m'a consolé. Malgré leurs souffrances, pas un de nos missionnaires ne regrette sa vocation, pas un ne voudrait être changé et faire autre chose. Dans toutes leurs lettres, je retrouve ce sentiment à l'unisson. Ils aiment leur vocation, ils lui sont profondément attachés, et ils font là du bien. Nous avons une procure nouvellement fondée à Rome. Prions pour le P. Rollin, afin que le bon Dieu lui donne la santé nécessaire et qu'il puisse continuer l'œuvre si heureusement commencée. Le Saint-Père a daigné témoigner sa satisfaction de voir les Oblats établis à Rome, et tout près de lui. Nous sommes là, comme d'humbles locataires, habitant une petite partie d'une vaste maison, en toute simplicité et humilité. J'aime bien cela. Je préfère cela à une grande résidence affichée comme étant nôtre. On aurait dit: “Ils habitent un palais!” Oui, nous habitons un palais, mais dans un tout petit humble coin, et pour y entrer nous passons par une petite et humble porte. Encore une fois demandons au bon Dieu de donner au P. Rollin la santé nécessaire. Sa mission a une très grande importance. C'est lui qui tient la Congrégation en rapports incessants avec le Souverain Pontife et les Congrégations romaines. C'est lui qui adoucit les frottements et les aspérités qui se glissent dans les rouages de toute administration. Il me disait qu'il était trop vieux pour bien remplir cet emploi: il a encore un peu d'amour‑propre, le P. Rollin. Il a su parfaitement se concilier l'estime et l'affection de tous ceux qui l'approchent à Rome et il fait arriver jusqu'à nous cette estime et cette affection de tous.

Qu'à la suite de cette retraite, mes amis, on s'aperçoive que nous sommes vraiment Oblats. A l'église, tenons‑nous comme il faut, dans la posture convenable à des religieux mortifiés, tenons‑nous droits, sans nous appuyer nonchalamment, sans passer les mains sur nos figures, de façon à être de bonne édification. Dans notre démarche, soyons simples, n'essayons pas de faire du style et du genre dehors et dans les rues. Que chacun se tienne et marche convenablement, simplement. Les Pères Jésuites sont habillés tous pareil. Ils essaient de donner à tous leur Religieux la même manière de se tenir, de marcher, de manœuvrer les bras, etc. Je suis loin de blâmer cette manière de faire. Je l'admire au contraire et je la vénère. Nous ne pouvons pas, nous Oblats, prendre le genre des Pères Jésuites. Mais du moins allons simplement, bonnement, sans nulle espèce d'affectation.

Evitons par‑dessus tout ce qui pourrait donner la moindre atteinte à la réputation de notre vertu. Gardons‑nous des fréquentations qui peuvent occasionner des remarques méchantes, des interprétations faites par malice. Il nous faut une vigilance incomparable sur ce point. Chaque supérieur devra y veiller soigneusement. Que notre vie soit sainte et immaculée, mais aussi qu'elle l'apparaisse à tous. Il le faut. Nous allons renouveler nos vœux. Pour ne pas prolonger la cérémonie, car vous êtes nombreux, chacun les renouvellera intérieurement et tout bas. Deux de nos Pères vont prononcer leurs vœux perpétuels. Puis chaque supérieur de maison viendra renouveler publiquement ses vœux, en son nom et au nom des Religieux qui lui sont confiés.

J'attends un grand bien pour l'Institut de cette cérémonie, comme clôture de notre retraite. C'est un acte de haute religion que vous allez faire, acte extrêmement méritoire et qui répandra dans votre vie et dans l'âme des autres des grâces incontestables et abondantes.

FIN DES RETRAITES

Dieu soit béni!